Ordination diaconale de Ludovic de Gélis : « Se laisser conduire par la foi, la sainteté et la mission »

Dimanche 16 octobre 2016, Ludovic de Gélis a été ordonné diacre en vue de la prêtrise par Monseigneur Nicolas Souchu, évêque auxiliaire de Rennes. La célébration s’est déroulée à l’église Saint-Louis-Marie de Montfort sur Meu.

En formation à Paris, Ludovic est en insertion pastorale dans la paroisse Saint-Louis-Marie en Brocéliande. Pour son ordination diaconale, il retrouvait ainsi les paroissiens de Montfort, mais aussi de nombreux membres de la Communauté de l’Emmanuel, dont il est membre, sa familles et des amis. Cette étape dans son cheminement vers la prêtrise est une des plus importante, puisque le voilà ordonné et engagé à vie au service du Christ.

> Lire aussi le portrait de Ludovic… par lui-même

Ordination diaconale Ludovic de Gélis

 

Homélie de Mgr Nicolas Souchu

Frères et Sœurs,

Je ne sais pas si ce sont des Pokémons virtuels qui vous ont amenés jusqu’ici, où s’il y a un Pokémon ordination ! Mais je sais que lors de la célébration d’une ordination diaconale, il y a toujours un petit coin de paradis, non virtuel !

C’est ce que nous venons d’entendre dans cet évangile : Le Règne de Dieu s’est approché de vous ! Voilà la dernière phrase qui vient d’être proclamée des textes de l’Ecriture Sainte que Ludovic a choisi parmi les propositions du rituel pour l’ordination d’un diacre. Et si c’était vrai ?! Si ce n’était pas seulement virtuel, comme les Pokémons ? Pour cela il faut nous laisser conduire par la foi, la sainteté et la mission.

Nous ne sommes pas uniquement rassemblés pour accompagner Ludovic parce que nous le connaissons, que nous sommes de sa famille ou de ses amis, que nous sommes membres de la Communauté de l’Emmanuel ou de la paroisse Saint-Louis-Marie en Brocéliande. Nous voici rassemblés car le Règne de Dieu s’est approché de nous ! En célébrant l’ordination diaconale de Ludovic, qui doit le préparer plus particulièrement à son ordination sacerdotale, nous accomplissons un acte de foi.

En effet, le Christ ne peut dire à ses disciples : « Le Royaume de Dieu s’est approché de vous » que parce qu’ils ont eux-mêmes fait cet acte de foi : être envoyés comme des agneaux au milieu des loups. Ne rien porter, ne recevoir que ce qu’on nous sert, guérir les malades. Est-ce ce programme pour lequel Ludovic a demandé l’ordination diaconale en vue du sacerdoce ? Pire encore : nous sommes prévenus depuis 2000 ans : la moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. C’est dire, frères et sœurs, que cette ordination diaconale de Ludovic ne vient pas combler un manque, mais qu’elle nous ouvre au Règne de Dieu.

Certes, il y a plusieurs moyens pour nous ouvrir au Règne de Dieu. L’appel à la sainteté en est un, mis en valeur par le Concile Vatican II. Voici quelques exemples : Ici à Montfort-sur-Meu, nous avons la belle figure de Saint-Louis-Marie Grignion de Montfort, cet enfant du pays dont nous célébrons cette année le troisième centenaire de la mort. Il aurait d’ailleurs pu être le patron de notre frère Ludovic. En tout cas, d’une certaine façon, il est le patron de son ordination diaconale. Saint-Louis-Marie, prédicateur de missions paroissiales, comme dans l’Evangile que nous venons de proclamer, nous a appris à marcher vers Jésus par Marie.

Aujourd’hui, 16 octobre, nous célébrons Sainte Marguerite-Marie à qui Jésus a montré son cœur miséricordieux à Paray-le-Monial, ce lieu si symbolique et vivant pour la Communauté de l’Emmanuel dont Ludovic est membre. Ce cœur miséricordieux du Christ est si important dans le cadre du jubilé extraordinaire de la Miséricorde.

Aujourd’hui le pape François a canonisé Sainte Elisabeth de la Trinité, une jeune carmélite de Dijon. C’est également un 16 octobre, en 1978, que le cardinal polonais Karol Wojtyla, est élu pape et prend le nom de Jean-Paul II. Saint Jean-Paul II avait comme devise épiscopale Totus tuus, héritée de Saint-Louis-Marie.

C’est parce qu’il a vu des personnes heureuses de côtoyer des prêtres heureux que Ludovic a pu développer sa vocation, appuyé sur la révélation de l’Amour de Dieu pour lui. Mais comment répondre à cet Amour ? Aujourd’hui c’est comme diacre, pour que demain ce soit comme prêtre que Ludovic puisse répondre à cette initiative première de Dieu.

Comme ministres ordonnés, nous trouvons notre joie dans l’appel de Dieu pour la mission, d’autant que nous entrons dans la semaine missionnaire mondiale. C’est pourquoi ce passage d’Evangile s’ouvre par l’envoi des 72 disciples, en avant du Christ. En devenant diacre, Ludovic va apprendre à servir la mission de l’Eglise, et non la sienne, même s’il se met tout entier au service de cette mission, comme le signifient notamment l’engagement au célibat vécu au début de cette célébration et la prostration qu’il fera durant la litanie des saints. La première lecture, tirée du livre des Nombres, donne une mission à la tribu de Lévi : assister le prêtre Aaron, prendre soin de tout ce qui est confié à sa garde et à celle de toute la Communauté, accomplir le service de la Demeure. Au diacre est confié l’Evangile pour qu’il le garde, qu’il en vive et qu’il le partage. C’est bien ce qui nous est montré dans la deuxième lecture, tirée du livre des Actes des Apôtres : le diacre Philippe va se faire l’instrument de l’Esprit-Saint pour faire comprendre la Parole de Dieu à cet Ethiopien et l’amener jusqu’au baptême, dont Ludovic sera également le ministre, de même qu’il présidera à la célébration des mariages.

L’ordination va donner à Ludovic la grâce et la fonction de diacre. Il sait par ses études, son travail, ses temps de retraite et de choix de vie, que la moisson est abondante, que les ouvriers sont peu nombreux, mais il sait aussi qu’il faut prier pour que le maître de la moisson envoie des ouvriers à sa moisson. Cela nous met, frères et sœurs, dans une attitude de réception du don de Dieu, plus que dans celle d’une réclamation de ce même don. Or nous sommes dans une société de performance et non de gratuité. Par le don du service que Ludovic, comme tous les diacres, aura à manifester par sa vie et son ministère, il pourra entrer dans cette logique de la grâce de Dieu, dont il devient le ministre par la foi, la sainteté et la mission.

Cela l’invite davantage à la confiance qu’à la peur.

Cela nous invite à prier pour que Ludovic soit le diacre que Dieu veut pour l’Eglise, non pas virtuelle, mais telle que Dieu la veut, dans son immense Amour miséricordieux.

 

 

+ Nicolas Souchu

Evêque auxiliaire de Rennes