29e dimanche: l’homélie de Pierre Rivalan, diacre

Retour sur la messe du dimanche 16 octobre 2022. «Dieu fera justice à ses élus qui crient vers lui»: l'homélie de Pierre Rivalan, diacre

Les textes du jour nous donnent des mots et des orientations très fortes. Nous avons : le combat, la confiance, la foi, l’orientation vers Dieu. Mais nous avons aussi des personnes hostiles à Dieu.

Je vais essayer au travers de ces textes qui nous sont donnés, de voir ce que nous pourrions appeler le combat spirituel.

Nous commençons dans le désert avec Moïse

Nous avons tous nos temps de désert choisis ou pas.
Choisis quand nous décidons de faire une retraite ou pendant le carême.
Subis, quand tout nous semble aller mal. Quand il y a du brouillard dans nos vies. Dans une période de chômage. Chacun peut avoir ces temps difficiles.

Combien de fois le peuple d’Israël dans le désert a douté de Dieu? Et combien de fois Dieu a consolé son peuple?

Ce que je veux dire, c’est que Dieu se sert du désert comme une pédagogie. Comme s’il fallait passer par le désert pour voir la présence, la vraie présence de Dieu.

Combien de fois le peuple d’Israël qui était dans le désert a douté de Dieu? Et combien de fois, en la personne de Moïse, Dieu a consolé son peuple?

Aujourd’hui, un certain nombre de personnes pensent être dans le désert ou dans une période compliquée. Comme cette femme dans l’Evangile qui crie. Elle est veuve – à l’époque, être sans mari voulait dire qu’elle n’avait plus de statut social. Elle n’avait plus de ressource. Et elle voulait que justice soit faite. C’est-à-dire la reconnaître comme une personne. Retrouver un sens à sa vie.

Son combat dans son désert, elle l’a gagné à force de persévérance, d’endurance, avec en même temps beaucoup de désespérance. Mais elle a continué pour ne pas mourir, pour retrouver une vie digne.

« Dieu fera justice à ses élus qui crient vers lui. »

 » Le secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre. » (Ps 120, 2)

Voilà si je puis dire le sens et la pédagogie du désert. C’est le lieu de la construction ou de la reconstruction. Lieu du combat, dans la confiance avec foi.

Grâce à l’Écriture, l’homme de Dieu sera accompli, équipé pour faire toute sorte de bien (2 Tm 3, 14 – 4, 2)

Mais où aller chercher cette foi ou plutôt avec qui ?

Le Psaume nous le dit et nous rappelle qu’il faut que  » Je lève les yeux vers les montagnes ». C’est-à-dire là-haut.

Comme Moïse se met entre son peuple et Dieu, en montant sur la montagne. Comme si c’était Moïse, seulement qui permettait de rentrer en relation avec Dieu.

Mais nous avons tous accès à cette relation.
Comme nous le dit saint Paul dans la deuxième lecture :
« Grâce à l’Ecriture, l’homme de Dieu sera accompli, équipé pour faire toute sorte de bien. »

Cette Ecriture nous est donnée pour que nous communiquions sur la sagesse de Dieu, en vue du salut par la foi.

Cette Écriture inspirée, c’est-à-dire la présence de Dieu par l’esprit, nous permet, à nous, d’éduquer dans la justice.

Des mots qui viennent d’un cœur de Père, pour ouvrir le nôtre et arriver à la terre promise

La source de notre foi, c’est le lien, la relation avec le Père.

Il nous faut des bases solides pour avancer. Ces bases solides doivent pour les enfants bien aimés que nous sommes, être perçues comme des lettres d’Amour.

Des mots qui viennent d’un cœur de Père, pour ouvrir le nôtre et arriver au salut, à la terre promise. Ainsi le désert du départ devient ce chemin de foi qui nous mène vers le Salut.

Le combat spirituel de chacun doit trouver sa force dans la relation avec Dieu.

La relecture, un outil pour voir la présence de Dieu dans nos vies

Le pape François nous a donné, le 31 août dernier, quatre temps de catéchèse sur le discernement.

Il nous dit l’importance des choix dans nos vies. Ces choix ne sont pas faciles. Dans la foi, nous pouvons dire qu’il n’y a pas de bons choix ou de mauvais choix.

Mais les choix que nous faisons, quand on les relit après les avoir vécus, nous disent ou nous permettent de voir s’ils nous font vivre ou mourir.

La relecture est l’outil de vérité, l’outil pour voir la présence de Dieu dans nos vies.

Dieu nous invite à la vie.
La vraie vie pour nous chrétiens, c’est de sentir la proximité de Dieu.
C’est nous rapprocher de Dieu jusqu’à la relation parfaite qui est l’Amour.

Il nous faut sentir les pulsations de notre cœur, descendre en nous pour ressentir ce à quoi Dieu nous appelle

Pour nous rapprocher de Dieu, le pape François nous donne les bases :

  • se connaître soi-même
  • la familiarité avec le Seigneur

Et pour travailler cela , il nous donne l’exemple d’Ignace de Loyola. Les exercices de saint Ignace sont reconnus par l’Eglise pour un chemin spirituel.

Pour se connaître, nous dit le Pape, il est nécessaire de bien savoir ce que l’on veut, ce vers quoi nous voulons aller ?
Quel est notre projet de vie ?

Et pour cela, il nous faut sentir les pulsations de notre cœur. Il faut descendre en nous pour ressentir ce à quoi Dieu nous appelle.

Cet exercice est très personnel et difficile. Un accompagnement est nécessaire pour vraiment savoir ce que nous vivons et ce que nous avons à vivre.

Dans l’Evangile du jour, nous voyons bien que la femme sait ce qu’elle veut. Elle est déterminée. Elle est veuve. Elle a tout perdu, mais elle a encore la foi pour retrouver la vie.

Les saints sont entrés dans la familiarité et la confiance en Dieu, c’est-à-dire dans un cœur à cœur avec Dieu

Ensuite, le Pape nous parle de la familiarité avec Dieu. Il parle de la prière, comme une relation et non pas des récitations.
Jésus dans son Evangile dit bien à ses disciples l’importance de la prière et de la confiance en Dieu.

Dans sa catéchèse, le Pape nous parle de la prière des Saints. Les saints sont entrés dans la familiarité et la confiance en Dieu. C’est-à-dire dans un cœur à cœur avec Dieu. Dans l’intimité de Dieu.

La prière, nous dit-il,
« ce n’est pas réciter des prières comme un perroquet, bla, bla, bla, non. La vraie prière est cette spontanéité et cette affection avec le seigneur. Cette familiarité vainc la crainte ou le doute que sa volonté ne soit pas pour notre bien, une tentation qui traverse parfois nos pensées et rend le cœur agité et incertain ou amer, également. »

Nous le voyons bien dans l’Evangile et dans la parabole de Jésus. La femme ne demande pas justice pour elle. Elle demande justice contre son adversaire. C’est-à-dire une libération.

La prière doit nous ouvrir à la liberté, doit nous ouvrir à l’autre. Et cette ouverture doit nous donner la joie et la paix.

Si nous sommes dans la joie et la paix, nous avançons dans la bonne direction. Si nos choix nous rendent tristes, nous nous éloignons de Dieu…

L’un des critères de relecture pour les choix que nous avons posés, c’est la joie et la paix

Si nous sommes dans la joie et la paix, alors nous nous ajustons à Dieu par nos choix. Nous avançons dans la bonne direction, nous nous rapprochons du Salut.

Si nos choix nous rendent tristes ou trop excités, alors nous pouvons penser que nous nous éloignons de Dieu  ou  – dit autrement – nous nous tournons vers la mort ou le malin.

Bien sûr, tout cela n’est pas simple, car la première des difficultés repose sur nous.

Et Dieu nous laisse et nous veut libre.

Le pape François nous dit d’être attentif aux imprévus. Il ne s’agit pas de hasard, mais des imprévus de Dieu…

Notre combat, c’est un combat au quotidien.
C’est une attention aux évènements de la vie.
C’est une attention dans la relecture de nos journées.
C’est une attention à la présence de Dieu, dans nos frères.

Le pape François nous le dit :
il est important d’être très attentif aux imprévus dans nos vies. Il ne s’agit pas de hasard, mais des imprévus de Dieu. Dieu se révèle à nous dans ces moments-là et il s’agit de bien les relire et de discerner.

Notre combat spirituel, c’est être fidèle à Dieu. Dieu fait justice. « Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? »

Amen

Pierre Rivalan,
diacre