Ordination diaconale d’Éric Nziraguseswa : Dieu a besoin de tous à sa vigne !

Imposition des mains
Imposition des mains

Mgr Jean Bondu a ordonné diacre en vue du sacerdoce Eric Nziraguseswa, ce dimanche 24 septembre 2023 à Saint-Malo. Cette fête de rentrée paroissiale correspondait aussi à la Journée mondiale du migrant et du réfugié.

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Au cœur de la fête de rentrée de la paroisse Notre-Dame d’Alet, où Eric Nziraguseswa est en insertion pastorale, l’eucharistie était présidée par Mgr Jean Bondu, évêque auxiliaire de Rennes. La messe s’est ouverte par l’entrée en catéchuménat de deux adultes de la paroisse, sous le grand chapiteau du terrain de Keriadenn, « cathédrale en plein air » et « lieu privilégié de la pastorale des jeunes. » a dit en introduction Mgr Bondu. Cette paroisse aux 11 clochers avait mobilisé ses bénévoles pour accueillir près d’un millier de personnes, organiser le pique-nique et monter des jeux gonflables pour les enfants l’après-midi.

Eric Nziraguseswa, d’origine rwandaise, était accompagné de membres de sa famille venus du Rwanda, dont sa maman, de France, des Pays-Bas et d’Angleterre. Le séminaire Saint-Yves de Rennes, où il suit sa formation, était aussi bien représenté, ainsi que le groupe de jeunes qu’il avait accompagnés aux JMJ cet été.

La chapiteau de Keriadenn était comble
La chapiteau de Keriadenn était comble

Homélie pour l’ordination d’Éric Nziraguseswa

Dimanche 24 septembre 2023, 25ème dim. du temps ordinaire
Journée mondiale du migrant et du réfugié

Dieu est en sortie

Le Royaume de Dieu est ici et maintenant ! Dieu est en sortie de lui-même pour embaucher des ouvriers à sa vigne. Chers amis, ne pensez pas que je suis en train de parler d’Éric. Le récit de Jésus, la parabole qu’il raconte, concerne chacun de nous. En cette rentrée pastorale de votre paroisse, entendez-vous l’appel au service, au travail ? Entendez-vous Dieu vous demander de prendre part à sa vigne ? Il n’y a pas d’heure pour être embauché, que ce soit au petit matin, à 5h, que ce soit à midi, que ce soit en fin de journée à 17h. Comprenez derrière cette évocation des heures, celle des âges de la vie. Ne dites pas : je suis trop vieux ! Ne dîtes pas : je suis déjà trop occupé ! Ne dîtes pas : je ne suis pas formé ! Ne dîtes pas : je suis trop pécheur ! Entendez l’appel du Seigneur ! Il a besoin de vous à sa vigne. Nous ne savons pas s’il s’agit de planter, de tailler, de nourrir la vigne ou de récolter les grappes. Nous ne savons pas s’il s’agit de protéger les bourgeons fragiles ou s’il s’agit de presser le raisin. Toutes les tâches sont possibles. La vigne attend ses ouvriers.

Prenez le temps de considérer cette vigne du Seigneur : une humanité en attente de sa liberté, une humanité en attente de croissance, d’épanouissement, de fraternité, de solidarité. Prenez le temps de regarder les visages de notre assemblée, les visages de votre paroisse, les visages des gens que vous croisez. Ces visages sont le reflet de Dieu. Ils sont peut-être marqués par le temps, la maladie, l’épreuve, la faute. Ils sont peut-être si naïfs ou tellement chargés d’histoires. Ces visages, cette humanité – cette vigne attend ceux qui lui feront porter fruit, qui lui feront produire le vin du repas ordinaire ou le vin de la fête, le vin le meilleur pour une alliance éternelle.

Le Royaume de Dieu est ici et maintenant ! Dieu est en sortie ; à chaque heure, à chaque instant, il voudrait être reconnu, accueilli. Que personne ne se dérobe à son œuvre, à son amour !

Éric Nziraguseswa
Éric Nziraguseswa

Le don du célibat pour la Mission

Éric, tu es déjà un ouvrier à la vigne du Seigneur. Tu portais en toi depuis longtemps ce désir d’être à Dieu. Tu viens de répondre par le choix du célibat. Il n’est pas seulement un élément pour devenir disponible, une discipline imposée. La Tradition de l’Église nous le présente comme un don du Christ, de la miséricorde de Dieu. Être comme le Christ, dans sa ressemblance pour être tout au Père et à la mission, pour être tout à l’humanité, sans préférence de l’un ou de l’autre, si ce n’est de Dieu et du pauvre. Le pape Benoît XVI écrivait en 2010[1] : « Le célibat est une anticipation rendue possible par la grâce du Seigneur qui nous « attire » à lui, vers le monde de la résurrection ; il nous invite toujours à nouveau à nous transcender nous-mêmes, à transcender ce présent, vers le vrai présent de l’avenir qui devient présent aujourd’hui. »

Il y a dans notre célibat, une réponse d’amour à l’Amour que nous recevons sans cesse de Dieu. Il y a dans notre célibat, un appel à envisager l’horizon de notre éternité. Il y a dans notre célibat, la désignation de Celui qui le rend possible, qui nous donne aux autres malgré notre fragilité… la désignation de Celui qui nous offre la chasteté et la continence, pourvu que nous demeurions dans sa proximité, pourvu qu’Il demeure au plus intime de nous-mêmes, comme notre force, notre paix et notre élévation à une communion inespérée avec Dieu et avec nos frères et sœurs.

Éric, reçois ce don du célibat pour la mission.

Prostration pendant la litanie des saints
Prostration pendant la litanie des saints

Jésus à la 1ère place

Le diaconat qui te configure au Christ Serviteur va te permettre de découvrir chaque jour que l’ouvrier embauché le 1er, c’est Jésus. Tu ne lui ressembleras dans le service et la tâche que parce qu’il te devance, te montre comment être et comment faire. Tu découvriras que l’ouvrier de la dernière heure, c’est également lui, Jésus. Il a la 1ère place dans nos vies, dans ce monde, il est le Roi et le Serviteur.

Il prend également la dernière place pour rejoindre celui qui n’a pas entendu l’appel, rejoindre celui qui n’a pas été considéré, celui qui a été rejeté. Jésus en devenant victime de la haine, rejeté hors de l’humanité, nous appelle à secourir, à porter attention, à écouter ; il somme ses disciples d’être bon samaritain, ou Simon de Cyrène, ou simplement hôte des plus démunis, des réfugiés et des migrants. « Cherche le Seigneur, il se laisse trouver. » Cherche-le dans le recueillement de ta prière fidèle, dans l’humilité de sa présence eucharistique. Cherche-le dans une humanité blessée, dans une humanité pécheresse qui voudrait revenir à Dieu, qui voudrait vivre des réconciliations et des intégrations dans la communauté.

Le nouveau diacre est accueilli par un geste fraternel
Le nouveau diacre est accueilli par un geste fraternel

Nous portons le trésor d’un Dieu en proximité

La mission est immense. Les 12 au début n’étaient que 12.

Nous sommes des ouvriers si peu nombreux, nous les baptisés, nous les ordonnés – diacres, prêtres, évêques. Nous portons le trésor d’une Nouvelle pleine d’espérance et de charité. Nous portons le trésor d’un Dieu en proximité, en sortie, en incarnation par nous. Nous portons le projet de Dieu, son Royaume pour ce temps, un projet de droit et de justice, de vérité et d’amour.

Éric, dans quelques instants, le Seigneur va faire de toi, un diacre, un serviteur à son image et à sa ressemblance. Ce n’est pas une étape vers le sacerdoce. C’est un don pour la mission. Tu seras toujours, même si un jour la consécration sacerdotale t’est donnée, serviteur à l’image du Christ. L’Église dans sa sagesse, ordonne des hommes au diaconat avant qu’il ne reçoive le sacerdoce, pour que ce diaconat se déploie dans le sacerdoce.

Éric Nziraguseswa donne la communion à sa mère
Éric Nziraguseswa donne la communion à sa grande soeur

Tu as été migrant

Je ne sais si le fait que tu sois ordonné diacre le jour dédié aux migrants et aux réfugiés a une signification particulière. Tu as été migrant. Tu n’es pas réfugié puisque tu es pleinement intégré et que tu as choisi d’être de cette terre, de ce peuple. L’ordination diaconale te fait entrer dans l’incardination diocésaine. L’évêque te reçoit pour enrichir notre Église diocésaine, de ta singularité, la couleur, le rythme et le chant, la danse de l’Afrique au milieu de notre identité bretonne. La sagesse des anciens parle aux plus jeunes et le drame du Rwanda résonne pour engager notre responsabilité à considérer l’autre comme un frère, une sœur, et non un danger, un ennemi.

Notre monde a trop souffert, il souffre trop pour demeurer dans l’indifférence et l’aveuglement. À l’appel du pape François, hier à Marseille, répondons par notre mobilisation quotidienne et humble. Soyons des serviteurs à la vigne du Seigneur ! Ce monde attend la révélation de Dieu, de son amour, de sa proximité ! Amen.


[1] Benoît XVI, veillée de prière à l’occasion de la conclusion de l’année sacerdotale, 10 juin 2010.

Mgr Jean Bondu applaudi Éric Nziraguseswa en fin de célébration
Mgr Jean Bondu applaudi Éric Nziraguseswa en fin de célébration