Un « Notre Père » plus fidèle à l’Évangile à partir du 3 décembre

À partir du 3 décembre 2017, premier dimanche de l’Avent, nous ne dirons plus dans la sixième demande du Notre Père : « Ne nous soumets pas à la tentation », mais : « Ne nous laisse pas entrer en tentation. » Pourquoi un tel changement ?

P. Philippe Hébert, responsable Pastorale liturgique et sacramentelle
Paru dans Eglise en Ille-et-Vilaine n°291 novembre 2017

Une formulation pouvant prêter à confusion

La formule actuelle, adoptée en 1966, au moment de la réforme liturgique qui suivit le concile Vatican II, pouvait prêter à confusion. « Beaucoup comprennent que Dieu pourrait nous soumettre à la tentation, nous éprouver en nous sollicitant au mal, […] (alors que) leur foi leur indique pourtant que ce ne peut être le sens de cette sixième demande », expliquait le P. Jacques Rideau (La Vie, 24 octobre 2013), alors directeur du Service national de pastorale liturgique et sacramentelle, à l’occasion de la nouvelle traduction liturgique de la Bible qui traduisait Mattieu 6,13 par : « Ne nous laisse pas entrer en tentation ». Cette nouvelle formulation semblait plus cohérente avec l’affirmation de saint Jacques : « Dans l’épreuve de la tentation, que personne ne dise : ‘‘Ma tentation vient de Dieu’’. Dieu en effet ne peut être tenté de faire le mal, et lui-même ne tente personne. » (Jc 1,12-13) Et il était logique qu’elle soit reprise dans la liturgie.

« Ne nous soumets pas à la tentation » : une négation mal positionnée

Si la formule en usage depuis cinquante ans était fidèle à la traduction latine (1) et à l’original grec de l’évangile — quoique « introduire » aurait été plus proche littéralement que « soumettre » —, la difficulté vient de ce qu’en grec (2), comme en latin, la négation n’a pas une position fixe. Mgr Philippe Barbarin disait ainsi : « Si je dis : ‘‘Faites entrer ce monsieur’’, tout le monde comprend ‘‘entrer’’ comme ‘‘faire entrer’’. Si maintenant, introduisant une négation, je dis : ‘‘Ne faites pas entrer’’, le sens est différent de ‘‘Faites qu’il n’entre pas’’. Or, dans la demande du Notre Père, nous ne savons pas où mettre la négation. Voilà bien le problème capital de cette traduction impossible ! » (3)

« Ne nous laisse pas entrer en tentation. » : une compréhension plus juste théologiquement

Ainsi, le changement essentiel réside dans un déplacement de la négation dans la sixième demande du Notre Père. Là où « ne nous soumets pas » pouvait se comprendre comme « ne nous fait pas entrer », « ne nous laisse pas entrer » donne à comprendre : « Fais que nous n’entrions pas », ce qui est tout aussi valable sur le plan littéral et beaucoup plus juste théologiquement et spirituellement.

1 – Et ne nos inducas in tentationem.
2 –
3 – Philippe BARBARIN, Le Notre Père Un chemin de vie spirituelle, Parole et Silence – Socéval, 2007, p.63

Des petites cartes avec la nouvelle traduction du Notre Père ont été éditées par Silo et sont disponibles gratuitement à la Maison de la communication, 1 rue du Père Lebret à Rennes, Tél. 02 99 14 44 44.

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