Vivre la communion spirituelle

L’épidémie de COVID-19 empêche la célébration des messes à l’église. C’est une souffrance pour tous les chrétiens d’être ainsi privés de l’eucharistie, mais aussi de ne pouvoir nous rassembler en communauté le dimanche ou en semaine pour vivre ce que nous sommes appelés à devenir au sein de l’Église : le corps du Christ.

Père Philippe Hebert, responsable Pastorale liturgique et sacramentelle

LIRE AUSSI : Vivre la messe de chez soi, les conseils de Mgr d’Ornellas et les propositions de messe en direct

Nous laisser rejoindre par le Christ

Il est important dans ce contexte de cultiver les autres lieux qui entretiennent notre communion au Seigneur et entre nous. Comme le souligne un récent article du Service National Pastorale Liturgique et Sacramentelle, nous voici invités à nous laisser rejoindre par le Christ par les autres moyens que l’Église nous donne et dont elle affirme que par eux le Christ se rend présent à nous : « Il est là présent dans sa parole, car c’est lui qui nous parle tandis qu’on lit dans l’Église les Saintes Écritures. Il est là présent lorsque l’Église prie et chante les psaumes… » (SC 7)

Même isolés par les circonstances, nous pouvons vivre la communion avec nos frères et avec le Seigneur, dans la méditation de sa Parole. Il est présent, aussi, avec nous lorsque nous célébrons la liturgie des Heures et que, ce faisant, comme durant la messe, nous prions « pour la gloire de Dieu et le salut du monde ». Dès lors, nous sommes en communion spirituelle les uns avec les autres, rassemblés par le Christ qui fait de nous son corps.

Seul ou en famille, en prenant un temps de lectio divina à partir des lectures de la messe, en priant la liturgie des Heures, nous sanctifions le jour du Seigneur en nous laissant sanctifier par le Christ qui nous unit à lui dans son offrande et sa prière.

Le Seigneur peut donner sa grâce en dehors de la réception des sacrements

Bien sûr, l’Eucharistie demeure « la source et le sommet de toute la vie chrétienne » (LG 11). À ce titre, elle est irremplaçable et il est important de pouvoir nous y unir en temps réel, même à distance, par les moyens modernes qui sont à notre disposition. Et s’il ne nous est pas possible de communier sacramentellement, nous pouvons cependant vivre une authentique communion spirituelle avec le Seigneur au cours de la messe, comme le rappelait saint François de Sales :

Quand vous ne pourrez pas avoir ce bien de communier réellement à la sainte messe, communiez au moins de cœur et d’esprit, vous unissant par un ardent désir à cette chair vivifiante du Sauveur. (Introduction à la vie dévote, II, 21)

Si le Seigneur a voulu lier sa grâce aux sacrements, il n’est pas pour autant lié par ses sacrements : Il peut aussi donner sa grâce en dehors de la réception des sacrements. (Cf. CEC 1257) L’Église définit ainsi la communion spirituelle comme une

« communion au Christ présent dans l’Eucharistie, non pas en le recevant sacramentellement, mais par le seul désir procédant d’une foi animée par la charité. La valeur de la communion spirituelle repose sur la foi en la présence du Christ dans l’Eucharistie comme source de vie, d’amour et d’unité. Elle est un moyen privilégié de s’unir au Christ pour ceux qui ne peuvent pas communier corporellement. »

Acte de communion spirituelle

Un acte de communion spirituelle composé par Mgr Centène, évêque de Vannes, pourra aider chacun à entrer dans cette communion qui nous unit au Christ ainsi qu’à tous ceux qui, régulièrement, sont privés de l’Eucharistie.

Rappelons, pour finir, que le confinement ne nous coupe pas les uns des autres et que nous sommes appelés à demeurer unis dans la foi, l’espérance et la charité. Que ces vertus que l’Esprit infuse en nous puissent se vivre plus intensément dans nos familles. Ces temps sont propices pour que chaque famille puisse grandir dans sa vocation d’Église domestique. C’est peut-être là que se joue la fécondité de l’épreuve que nous traversons.

Prière du pape François pour faire une « communion spirituelle »

« A tes pieds, O mon Jésus, je me prosterne

et je t’offre le repentir de mon cœur contrit

qui s’abîme dans son néant et dans Ta sainte présence.

Je t’adore dans le Saint-Sacrement de ton amour,

désireux de te recevoir dans la pauvre demeure que t’offre mon cœur.

En attente du bonheur de la communion sacramentelle,

je veux te posséder en esprit.

Viens à moi, O mon Jésus, pour que je vienne à Toi.

Que ton amour enflamme tout mon être,

pour la vie et pour la mort.

Je crois en toi, j’espère en toi, je t’aime.

Ainsi soit-il. »