Les évêques appellent à « chercher des moyens de production et de consommation nouveaux »

L’assemblée plénière des évêques de France de mars 2021 poursuivait son travail entamé sur l’écologie, avec l’accent mis cette fois sur la production et la consommation. D’autres sujets ont aussi été débattu par les participants.

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Voici les sujets abordés par les évêques de France pendant cette assemblée, en présentiel à Lourdes pour les archevêques et en visioconférence pour les évêques :

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Discours de clôture de Mgr Eric de Moulins-Beaufort

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Voici quelques courts extraits :

Écologie

« La capacité de production et de création de l’être humain devrait nourrir notre admiration et notre action de grâce. Il faut constater, hélas, que son exercice s’accompagne presque inévitablement de destruction, d’abus, d’exploitation exagérée, et que toute appropriation tourne presque fatalement la confiscation, la prédation, et par conséquent à la domination sur d’autres humains ou à leur exclusion. »

« Nous devrions, nous chrétiens, profiter de la lucidité exacerbée de notre époque et contribuer à cette lucidité, mais en croyant qu’il est possible, Dieu aidant, de chercher des moyens de production et de consommation nouveaux, attentifs à limiter le mal qui pourrait être suscité et à transformer les relations sociales en n’étant pas dupes de leur capacité à générer de l’injustice et de la violence. »

« Si l’accroissement de l’empreinte de l’humanité sur la nature vient pour une bonne part de l’accroissement du nombre des humains, l’ampleur de cet accroissement tient aussi à une recherche exacerbée de possession, au fait que nous cherchons la preuve de notre existence dans l’appropriation de biens plutôt que dans la qualité de nos relations aux autres, à nous-mêmes, au cosmos, à Dieu. A la société de consommation, ne peut s’opposer qu’une spiritualité du désir. Seule l’abondance spirituelle peut faire goûter la joie d’une sobriété matérielle, nous a expliqué Paul Colrat. »

Ce travail continuera lors de la prochaine session en novembre sur le thème : « Cri de la terre et cri des pauvres ».

Racisme, « genre »…

« Le racisme et les questions de « genre » ne cessent de revenir habiter notre débat public. Le soupçon que tel comportement est raciste ou déterminé par des préjugés non critiqués semble constant dans la société. Il y a là quelque chose d’épuisant. Mais nous devrions, nous chrétiens, y être attentifs. Ce que le Seigneur nous révèle de nos œuvres et du péché devrait nous convaincre que nous ne sommes jamais indemnes de ces comportements. »

« … dans ce contexte, notre déclaration du 1er février sur l’antisémitisme est importante. »

Abus sexuels

« Nous avons découvert que notre Église transportait du mal dans ce qui pouvait paraître être son activité la plus positive, son œuvre éducative, son service de la croissance spirituelle des enfants et des jeunes. Les récits des personnes victimes rendus possibles par quelques-unes qui ont eu le courage de parler publiquement ont fait réaliser d’une part que ces drames n’étaient pas que quelques unités qui pourraient être attribuées aux fatalités de l’histoire, si tant est qu’un tel raisonnement soit chrétiennement tenable, mais qu’ils étaient aussi beaucoup plus destructeurs que ce que l’on croyait ou avait voulu croire. »

« Je voudrais juste ajouter trois paroles.

La première à l’égard des personnes victimes. Je remercie ceux et celles qui ont parlé et qui nous parlent. Je voudrais les assurer que nous avons pris et prenons leur parole au sérieux. Nous voulons continuer à vous écouter et à travailler avec vous.  Nous espérons que les dispositions que nous avons prises contribuerons à votre chemin de vie. Ce qui vous a été arraché ne peut vous être rendu, ne peut être réparé, nous le savons bien, mais nous ne pouvons pas rester sans rien faire, sans rien tenter. Vous avez surmonté comme vous avez pu ce drame. Vous avez construit vos vies, chacun à sa manière chacun selon sa propre histoire. Nous voulons mobiliser les moyens de vous accompagner, matériellement et spirituellement, selon ce que vous désirerez. Nous savons que nous pouvons facilement vous blesser, vous effrayer. Ce que vous avez subi nous révèle une prégnance du mal que nous ne voulions pas regarder. Nous sommes conscients que nos gestes les plus saints ont été utilisés contre vous. Nous en avons du dégoût, nous évêques comme les prêtres et les fidèles, mais nous vous devons de reprendre notre manière d’exercer et de comprendre le ministère apostolique que le Seigneur nous a confié.

–  La seconde parole est pour les fidèles catholiques. Vous avez appris ces violences et ces crimes avec effroi, vous en êtes choqués, déçus, bouleversés. Tout le Corps de l’Église se trouve atteint par ce mal mis au jour. Nous devons ensemble prendre soin les uns des autres. Soigner n’est pas qu’un accompagnement plein de douceur. Il y faut aussi des décisions rudes, il y faut toujours un travail de vérité, un travail de diagnostic, rigoureux. Nous voulons le poursuivre au long des années. Nous vous appelons à nous aider à accompagner les personnes victimes. Ceux et celles qui parlent nous aident. Ceux et celles qui ne parlent pas ont besoin de sentir que nous ne chercherons pas à minimiser ce qu’ils ou elles supportent. Notre Église peut gagner en fraternité aussi dans cette attention.

Enfin une parole pour les prêtres. Il est horrible pour vous de découvrir que tel de vos frères a pu commettre de tels actes. Dans la mesure où certains ont abusé de leur ministère, nous tous, ordonnés, configurés au Christ Pasteur, nous nous interrogeons sur notre propre pratique. De quelles ambiguïtés ma manière de célébrer les sacrements, d’approcher les personnes, de recevoir le secret de leur âme, peut-elle être entachée ? Nous découvrons en nos frères la force de pulsions dont nous aurions pu espérer que le sacrement du baptême et celui de l’ordre et le sacrement du pardon nous préserveraient. Pourtant, notre ministère est un ministère de vie et de bonté. Pourtant, le Christ notre Seigneur est bien Celui qui a vaincu la mort et le péché et les sacrements qu’il nous donne de célébrer pour son peuple et la Parole qu’il nous charge de porter font advenir son règne, la libération de l’humanité de tout mal et de toute mort, l’espérance formidable que nos vies terrestres toujours mêlées de mort débouchent dans la communion éternelle. Dans le sacrement du pardon, vous approchez au plus près du mystère des âmes et du péché. Vous êtes témoins du travail de l’Esprit-Saint qui rend un être humain capable de désigner le mal qu’il fait et de choisir de ne pas en rester prisonnier en se mettant sous la force du Christ. Vous êtes les témoins et les agents de l’infinie patience de Dieu qui travaille parfois lentement dans le cœur des pécheurs pour les détacher du mal. Le secret de la confession n’est en rien complicité avec le mal et moins encore complaisance pour des confidences étonnantes. A travers nous, le pénitent s’adresse à Dieu et nous sommes les signes de l’écoute indéfiniment disponible du Dieu vivant. »