Parole de l’Évêque – « Voici ta mère »

Le pèlerinage de l’Hospitalité diocésaine à Lourdes fut une belle expérience de simplicité dans l’attention à l’autre, la bienveillance, le service, l’imitation de certains gestes de sainte Bernadette, et dans les processions le soir. Chaque jour, la célébration de l’Eucharistie tint sa belle place centrale. Ensemble, nous avons prié et loué le Seigneur. Nous avons touché du doigt quelque chose du Royaume de Dieu. La joie et la paix de tous en étaient le signe, l’amour les uns pour les autres aussi et surtout.

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 Cela s’appelle le miracle de Lourdes. Arrivés dans le sanctuaire, nous ressentons une sérénité, une liberté, une joie d’être là. Car, à la grotte de Massabielle, la « Belle Dame », selon la dénomination que lui donnait la petite Bernadette, s’est dévoilée sous son nom le plus mystérieux : « Je suis l’Immaculée Conception. »

Mystérieux car comment comprendre que Marie ait été conçue immaculée dans le sein d’Anne, sa mère, unie à Joachim, son époux et le père de la « Belle Dame » ? Il n’y a aucune trace du péché originel en elle. Elle a été sauvée par avance par la passion et la mort de son Fils. Elle devait en effet être infiniment pure pour devenir la vraie Mère de Jésus, le Fils de Dieu fait chair.

Quand Bernadette a entendu ce nom de la « Belle Dame », elle n’en a sans doute pas compris la signification. Qu’importe ! Bernadette fut assez humble pour recevoir la visite de cette « Belle Dame ». Entre elles, une rencontre fut possible car seule l’humilité peut accueillir la pureté. On le sait, dans la Bible, le grand péché, c’est l’orgueil. C’est lui la grande impureté en nos cœurs humains. Habités par l’orgueil, nous ne pouvons aller à la rencontre de la pureté !

Or, le sanctuaire de Lourdes est à jamais marqué par la pureté de la Vierge Marie. Impossible d’y entrer sans reconnaître humblement qui nous sommes : faibles et pécheurs. Impossible d’acquérir la science de Lourdes sans la simplicité du cœur. Dans l’humilité et la simplicité, il est possible de s’approcher de la « Toute pure ». Non pas qu’il faille être pur pour s’approcher de Marie. Sinon personne ne s’y risquerait. Et ce serait encore l’hérésie cathare condamnée par l’Église. Non, il suffit de venir à Lourdes avec simplicité et humilité. Alors, la rencontre avec la toute pure Vierge Marie est bienfaisante, consolante et apaisante. Elle donne joie et confiance.

La « Belle Dame » a reçu un autre nom. Jésus lui-même le lui donna. Elle est évidemment la « mère de Jésus », comme le répète souvent le Nouveau Testament. Mais Jésus, sur la croix, va nous révéler autre chose. Alors que par son sacrifice, il devient le sauveur du monde, il dit : « Voici ta mère. »

Ce « voici » indique qu’il s’agit d’une parole de révélation. Jésus révèle que sa mère a une autre maternité. Elle est mère de tous ceux qui reçoivent le fruit du salut. Nous sommes tous représentés au pied de la croix par « le disciple bien-aimé ». C’est à lui que Jésus dit « voici ta mère ». En lui, c’est à chacun de nous que Jésus le dit.

Alors nous pouvons nous approcher d’elle et la prier. Il suffit de se savoir sauvés par Jésus, mort sur la Croix et ressuscité d’entre les morts. Plus que cela, il s’agit de recevoir le salut, de devenir comme un enfant de notre Père des Cieux. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu et si tu l’as reçu, pourquoi t’enorgueillir comme si tu ne l’avais reçu ? » Ce propos de saint Paul est précieux. Oui, l’humilité de celui qui sait constamment qu’il a besoin d’être sauvé pour redevenir comme un enfant, lui donne l’audace et la confiance pour s’adresser à la Vierge Marie. Elle est mère, infiniment mère, dirait Charles Péguy. Beau et lumineux mois de Marie, qu’est le mois de mai !