« La mission du curé, c’est de tenir le gouvernail »

Le père Daniel Boué, 65 ans, est, depuis le 1er septembre 2023, le nouveau curé de Saint-Judicaël en Brocéliande (Plélan, Paimpont, Maxent, Monterfil, Treffendel, Saint-Péran). Mgr d’Ornellas, archevêque de Rennes, lui a remis la charge de la paroisse, lors de la messe, dimanche 17 septembre 2023, à l’église de Plélan-le-Grand. « La grande qualité d’une communauté paroissiale, c’est l’amour mutuel,  a souligné l’évêque. Votre curé reçoit la mission de cette unité et de cette communion dans la foi et dans l’amour de Dieu. »

»»» EN IMAGES. Pour voir les photos de la messe d’installation du père Daniel Boué, curé de la paroisse Saint Judicaël, présidée par Mgr d’Ornellas, archevêque de Rennes, dimanche 17 septembre 2023, à l’église de Plélan-le-Grand, cliquez sur les vignettes et le lien ci-dessous:

Daniel, en passant de Retiers à Plélan-le-Grand, tu passes d’une communauté fraternelle et joyeuse à une communauté fraternelle et joyeuse. Tu passes d’une communauté où le seigneur Jésus est présent à une autre communauté où le seigneur Jésus est présent. De même à la paroisse Bienheureux Robert d’Arbrissel, où tu étais à Retiers, il y a quelque chose qui vient de Dieu, ici à Saint Judicaël, il y a quelque chose qui vient de Dieu […].

Dieu est toujours là avec une infinie tendresse pour nous offrir son pardon. Sa tendresse qui pardonne. Le drame, c’est que nous ne l’accueillons pas…

Et qu’est-ce qui vient de Dieu ? Qu’est-ce qui est toujours présent et qui vient de Dieu ? Le drame, c’est que nous ne l’accueillons pas.  Sa tendresse qui pardonne. Dieu est toujours là avec une infinie tendresse pour nous offrir son pardon.  Et c’est ce que nous voyons dans l’Evangile avec celui qui a une dette phénoménale. Des millions de pièces d’argent. Et il n’a pas compris ce pardon de Dieu à tel point que pour celui qui ne doit qu’un petite piécette d’argent, il ne pardonne pas […].

Et nous entendons cette lecture qui vient d’un texte de l’Ancien testament, de Ben Sira le Sage. « Pense à ton sort final et renonce à toute haine, pense à ton déclin et à ta mort. » Comme c’est bête d’arriver à sa mort avec de la rancune vis-à-vis de quelqu’un. Alors même que Dieu nous pardonne tout. Alors même que Dieu se présentera à nous comme le père de la parabole de l’enfant prodigue, qu’il nous serrera et nous embrassera. Nous aurons l’air malin devant Dieu de ne pas avoir pardonné.

Le secret de la vie chrétienne, le secret de la foi en Dieu, c’est précisément cette bonté qui nous pardonne.  Cette bonté qui se transforme en tendresse.

Écoutez bien ce que nous dit ce livre plein de sagesse de l’Ancien testament. « Pense aux commandements et ne garde pas de rancune envers le prochain, pense à l’Alliance du Très Haut » — l’Alliance que Dieu a scellée avec toi qui est baptisé, l’Alliance que Dieu a scellée avec toi à chaque Eucharistie, l’Alliance que Dieu a scellée avec toi à chaque fois que tu as reçu le sacrement de la réconciliation — « et sois indulgent celui pour qui ne sait pas. » Celui ne sait pas la tendresse de Dieu, Celui ne sait pas la miséricorde de Dieu. Celui qui ne sait que Dieu existe. « Sois indulgent. » Pardonne…

Et nous avons chanté dans le psaume de façon magnifique « Le Seigneur est tendresse et pitié. » Voilà qui est notre Dieu.  « Il pardonne toutes tes offenses. » « Il n’est pas pour toujours en procès. Il ne maintient pas sans fin ses reproches. » « Comme le ciel domine la terre, fort est son amour. »

La première mission du curé, c’est la prédication de l’Evangile, la prédication inlassable de la bonté de Dieu et de sa tendresse

Voilà qui est Dieu, mes amis. Chacun d’entre vous, moi le premier, peut dire : mais ce n’est pas pas facile de pardonner. Ce n’est pas facile d’arrêter d’avoir des pensées, des paroles malveillantes. Ce n’est pas facile d’être toujours bienveillant. Ce n’est pas facile de réagir quand quelqu’un nous blesse, de réagir avec tendresse.  Ce n’est pas facile d’arrêter le cercle vicieux de la malveillance. Ce n’est pas facile et c’est précisément pour cela que le Seigneur Jésus est venu, c’est pour nous l’apprendre, pour nous accompagner, pour nous donner sa grâce et nous convertir.

C’est précisément pour cela que vous recevez un curé. Et quelle est la mission du curé ? La prédication de l’Évangile. La prédication de la Bonne Nouvelle. La prédication inlassable de la bonté de Dieu et de sa tendresse. Ça, c’est la première mission du curé que vous venez de vivre: il a lu l’Évangile.

La deuxième mission du curé, c’est de veiller à l’unité de la communauté paroissiale dans la foi et dans l’amour de Dieu

La deuxième mission du curé, c’est ce qu’on appelle la mission de gouvernement. L’ Église, c’est une barque où nous avançons ensemble. Dans une barque, il y a un gouvernail. Et il y a quelqu’un qui tient le gouvernail pour que le bateau, dans les turbulences, dans les tempêtes, avance, vers le port. Quand nous disons qu’un curé reçoit la mission de gouvernement, il a pour mission de tenir le gouvernail.

Le problème du bateau, c’est quand les marins sont divisés. On ne sait plus très bien s’il faut aller à bâbord ou à tribord, on est perdu. La mission du curé, c’est de veiller à l’unité de la communauté paroissiale. Où personne n’est exclu. Et c’est possible de vivre cette unité dans la communauté paroissiale dans la mesure où il y a de l’amour les uns vis-à-vis des autres.

La grande qualité d’une communauté paroissiale, c’est l’amour mutuel. On se demande pardon mutuellement. On s’accueille les uns les autres. Votre curé reçoit la mission de cette unité et de cette communion dans la foi, dans l’amour de Dieu. Et nous pouvons nous souvenir quand il y a une petite crise dans la paroisse, que Dieu est plein de tendresse et nous pardonne. Pour avancer dans cette crise, pour retrouver la paix de Dieu, vous avez un guide, votre curé.

La troisième mission du curé, c’est la sanctification par la célébration des sacrements. Nous avons besoin de devenir des saints et des saintes

La troisième mission de votre curé, c’est que pour avancer sur ce chemin de pardon, de tendresse, nous avons besoin d’être sanctifiés. Nous avons besoin de devenir des saints et saintes. Le curé reçoit cette mission de sanctification par la célébration du sacrement. Le sacrement de l’Eucharistie. Le sacrement du mariage. Le sacrement de la réconciliation. Le sacrement de la confirmation. Le sacrement des malades. A chaque fois que nous recevons un sacrement, c’est le Seigneur Jésus qui vient et qui nous touche. Comme dans l’Évangile, il pose sa main sur nous, il nous donne sa grâce. Il nous sanctifie.

Qu’est-ce que c’est la sainteté ? Ce n’est pas autre chose que d’aimer un peu plus… … Dans les difficultés, je ne baisse pas les bras de l’amour. Je continue à aimer. Et quand il y a une difficulté, comment on fait pour continuer à aimer ? On s’approche du Seigneur Jésus. On a confiance en lui. On demande au Seigneur Jésus la force de nous pardonner.

Que c’est beau d’être chrétien car quand il y a le pardon, quand il y a l’amour mutuel, quand il y a la réconciliation, il y a la joie !

Voilà mes amis, vous recevez un curé en la personne du père Daniel Boué. Vous pouvez rendre grâce à Dieu par ce que ça signifie que le Seigneur Jésus vous conduit pour que vous puissiez en recevant la parole de Dieu, en recevant cette belle unité paroissiale, et en recevant les sacrements, grandir dans l’amour, dans la tendresse qui va jusqu’au pardon.

Mes amis, que c’est beau d’être chrétien car quand il y a le pardon, quand il y a l’amour mutuel, quand il y a la réconciliation, il y a la joie. Que le Seigneur Jésus vous garde tous les uns et les autres dans la joie et qu’il fasse grandir votre joie de vous aimer les uns les autres. Amen.

Mgr Pierre d’Ornellas,
archevêque de Rennes.