À Lourdes, la fraternité vécue entre personnes valides et handicapées

À Lourdes, les personnes en fragilités trouvent une Église accueillante. Cette réalité est vécue de façon très forte au cœur de l’Hospitalité Diocésaine, dont pas moins de 600 bénévoles étaient mobilisés lors du pèlerinage diocésain, du 17 au 23 avril 2023.

Une équipe unie dans l’effort

Pour accompagner dans un tel voyage plus de 200 personnes malades ou handicapées, parfois très âgées, il faut une organisation millimétrée… et beaucoup de générosité ! C’est ce qu’a découvert la centaine de nouveaux bénévoles qui avaient choisis cette année de vivre le pèlerinage diocésain au service de l’Hospitalité diocésaine Notre-Dame de Lourdes.

Au service des plus fragiles

« Me parents me parlaient souvent de Lourdes. C’est ma première année, mais peut-être que je suis en train de trouver une vocation ! Je sens depuis longtemps comme une mission. » constate Marie-France, alors que la semaine commence. Un service très concret, commente Martine, aussi nouvelle dans cet engagement : « Pour commencer, on a fait le ménage des chambres et on a assisté à des réunions de présentation. On s’est retrouvé ici à une dizaine du secteur de Brocéliande, sans se connaître. Mais avant de venir, nous avions suivi une journée de formation à Rennes. »

Chaque personne malade ou handicapée est accompagnée toute la semaine par une même équipe d’hospitaliers
Chaque personne malade ou handicapée est accompagnée toute la semaine par une même équipe d’hospitaliers

L’Hospitalité diocésaine est organisée en zones géographiques. Par exemple, le secteur de Vitré est venu avec 4 cars, emmenant 160 personnes dont une cinquantaine de malades. Jean-Claude Guesdon, qui accompagne de Vitré les pèlerinages depuis 1988, détaille le programme quotidien : « Les trois-quarts des malades et handicapés sont hébergés ici, à l’hôpital St Frai, par chambres de 2, 4 ou 6. Les hospitaliers font les toilettes et le ménage le matin. Puis on les conduit à tous les rendez-vous dans la journée. Les personnes qui sont autonomes pour leur toilette sont dans des hôtels. On prend les repas avec eux et on les accompagne avec les fauteuils, les voiturettes bleues, ou en les tenant par le bras. »

Jean-Claude Guesdon, hospitalier depuis 1988 !
Jean-Claude Guesdon, hospitalier depuis 1988 !

Une assistance pratique, nécessaire, qui se vit dans une grande fraternité : « Il y’a aussi un service d’aumônerie : on prépare les prières de la journée, on accompagne le Chemin de croix dans la praire ou les autres temps spirituels que les malades ne peuvent suivre avec les valides. Dans l’année, on a des rencontres dans chaque zone et une journée d’amitié avec les malades. »

Du lever au coucher des personnes malafdes et handicapées, les membres de l'Hospitalité se relaient
Du lever au coucher des personnes malades et handicapées, les membres de l’Hospitalité se relaient

Avec mes anges gardiens !

Régis, victime d’un grave accident vasculaire il y a quelques années, aime revenir à Lourdes chaque année : « Il faut aller dans le sanctuaire et ressentir la joie qu’il peut y avoir. Il y a un grand sentiment de fraternité, que vous soyez vaillants ou en fauteuil, vous être un humain comme les autres. Il y a beaucoup de charité chrétienne. Les deux personnes qui s’occupent de moi, je les appelle mes anges gardiens. »

Il témoigne même de sa conversion : « J’étais plutôt anticlérical. C’est à la piscine que la grâce est arrivée. Dieu m’a envoyé le signe que, depuis ma naissance, il était avec moi. Mais je lui avais fermé la porte. » Alors, désormais, il partage son enthousiasme : « On ressort du pèlerinage avec une valise gonflée à bloc de tout ce qu’on a peu ressentir, la bonté reçue, la charité, la fraternité… Je n’ai jamais été aussi heureux que maintenant ! »

Régis a vécu un vrai parcours spirituel depuis son AVC
Régis a vécu un vrai parcours spirituel depuis son AVC

Valérie, porteuse aussi d’un handicap et venant de Fougères se dit « très heureuse d’être revenue. J’étais déjà venue il y’a quelques années. Ici tout le monde s’entend bien, sans disputes. Tout le monde s’inquiète de l’autre. » Elle est accompagnée cette semaine par Nicole, hospitalière à Vitré : « Je m’occupe toute la semaine de Valérie. Je viens pour aider et il y a tellement une bonne entente que je reviens. »

Christophe, Nicole et Valérie

Deux témoignages donnés lors du pèlerinage

Romain Bauchart

« J’ai découvert Lourdes aux environs de mes 12 ans, nous venions en famille pendant les congés, prier Marie par l’intermédiaire de Bernadette. Une année aux piscines, immergé dans l’eau, j’ai ressenti des picotements et une sensation de chaleur dans mon côté droit.  Une petite lumière s’est alors allumée dans mon cœur, j’étais considéré par Dieu.

Et depuis ce jour, je reviens régulièrement en pèlerinage. Je fais partie du groupe Bartrès, c’est pour moi une deuxième famille. Nous formons communauté et ensemble avançons plus loin dans la joie et l’Espérance. Pendant notre semaine à Lourdes nous avons l’impression de vire en ‘milieu ordinaire’. »

Romain, 31 ans, est un habitué des pèlerinages à Lourdes
Romain, 31 ans, est un habitué des pèlerinages à Lourdes

Vincent Gendron

« Bien qu’ayant des difficultés pour m’exprimer, je remercie le Ciel de m’avoir donné le cadeau de la parole ; ça, c’est déjà beaucoup. Grâce à l’audio, je me sers du téléphone, de l’ordinateur, je peux communiquer, satisfaire ma curiosité, voyager dans ma tête, participer en direct aux messes, au chapelet, aux célébrations retransmises à Lourdes et j’en suis très heureux.

Je participe au Pèlerinage de Lourdes depuis 1989, c’est-à-dire depuis 34 ans ! Je ne connais pas m’ennuyer, je suis tout le temps occupé. Aujourd’hui, je suis heureux avec ce que j’ai, je ne veux rien changer à ma vie ; j’ai besoin de la présence des autres, je connais beaucoup de monde et ça me rend heureux. »

Vincent, 49 ans, s'est définit au début de son témoignage comme indépendant combatif et extra-ordinaire !

Une fraternité qui dépasse les barrières

Cette fraternité si particulière, qui dépasse les barrières habituelles, attire des nouveaux engagés dans l’Hospitalité qui ne sont parfois pas très habitués des églises : « Je suis infirmière dans un Ephad » explique Sandrine. « En tant que professionnelle de santé, le matin je fais les pansements et les soins infirmiers, et je me suis proposée sur des gardes de journée. » Mais derrière la compétence mise au service des autres, se vit d’autres choses : « Ça me permet aussi de décrocher, de prendre un temps personnel pour reconsidérer où j’en suis dans ma foi. C’est un peu une retraite. Je vais aux célébrations. Je trouve très beau tout ce qu’on a partagé. »

Mireille et Sandrine, professionnelles de la santé, vivent leur 1er pèlerinage au service des malades
Mireille et Sandrine, professionnelles de la santé, vivent leur 1er pèlerinage au service des malades

Son amie, Mireille, découvre aussi Lourdes mais pas la proximité avec les malades. Elle fait aussi partie de l’équipe médicale bénévole, si indispensable à la réussite de ce pèlerinage : « Je suis aide-soignante à domicile. Étant jeune, j’aurais aimé faire de l’humanitaire. Je suis croyante mais je ne pratique pas beaucoup. J’aime aller me recueillir quand j’ai envie ou besoin. J’ai la chance d’avoir une petite grotte de Lourdes tout prêt de ma maison : c’est mon lieu de recueillement. J’ai eu besoin de cela quand j’ai perdu des membres de ma famille. » Cette expérience au sanctuaire est forte pour elle : « Cette semaine, ça me prend aux tripes. On est rincé le soir mais c’est génial, je ne regrette pas du tout ! J’ai envoyé hier un message à mon mari pour le remercier de m’avoir laissé vivre ça, parce qu’il faut vraiment le vivre sur une semaine. »

Un constat partagé par Mgr Pierre d’Ornellas : « C’est vraiment le Royaume de Dieu que je vois ici dans ces personnes fragilisées, qui ont une telle confiance et une telle joie d’être ici. C’est une expérience de la famille de Dieu au milieu de laquelle se tient Jésus, qui s’est identifié aux plus malades. »