Soigner avec humanité

Camille est ergothérapeute, un métier de la rééducation-réadaptation, dans un Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD), Unité de Soins Longue Durée (USLD) pour personnes de plus de 60 ans. Elle nous dit son métier.

Les résidents viennent de tous horizons, souffrent de nombreuses pathologies. Mon rôle est de favoriser leur autonomie et leur indé- pendance physique. J’accompagne ces personnes et les équipes soignantes par la mise en place d’aides techniques (fauteuil roulant, assiette à rebord, maté- riel de prévention des escarres…), la toilette évaluative, l’atelier équilibre, l’accompagnement au marché… Les soignants travaillent aussi dans l’empathie. Ils perçoivent les émotions d’autrui tout en gardant une distance affective. En pratique, nous sommes obligés de le faire a minima. Mais on tisse des liens avec les résidents, avec plus ou moins de sympathie. Il y a des moments de joie, de rire et de tristesse partagés. Nous sommes parfois démunis. En ce moment, une dame est dans une angoisse extrême. La solution qui semblerait adaptée serait de rester auprès d’elle : c’est, bien sûr, impossible. Pourtant, comment rester insensible à ce mal-être ?

Former à la ’bientraitance’

Parfois, se mettre à la place du résident n’est pas évident. C’est ce que l’on voit chaque jour et qui ne nous choque plus : frapper à la porte et attendre avant de l’ouvrir… Il est essentiel de prendre du recul sur nos pratiques. La particularité de mon métier est d’interpeller mes collègues à cela. Cette relecture s’enrichit de mon histoire, mes expériences, ma vie personnelle et notamment de la pratique de la révision de vie en ACO depuis 3 ans et de tout ce que j’ai vécu en JOC avant.

Des situations ubuesquesSoigner avec humanité

Aux contraintes de temps s’ajoutent les contraintes de moyens. L’EHPAD est lié à un centre hospitalier. La hié- rarchie multi stratosphérique, faite de plusieurs couches, rend difficile le lien avec ceux qui décident. On en arrive à des situations ubuesques : attendre 6 mois un rehausse WC (30 €) pour un patient, décédé quand la commande arrive enfin… Il faut énormément de ténacité. Quel est le lien entre la réalité du terrain et leur réalité de gestion ?

Le projet d’une structure d’hébergement

Nous devons réaliser un projet d’accompagnement individualisé, établir les orientations de notre prise en charge de la personne en y intégrant autant que possible sa volonté, ce qui a fait sa vie et la fait vivre aujourd’hui. Il nous faut remettre l’Homme au centre de notre travail, il est acteur de sa vie, debout. Ce projet en est à ses balbutiements, que les soignants s’en emparent et que du temps en équipe lui soit dédié. La démarche des soignants est en questionnement et va vers toujours plus de dignité pour les personnes accueillies, grâce à nos engagements individuels et collectifs. Nos points de vue sont parfois différents, mais les soignants font leur métier avec humanité. On s’enrichit d’un merci, de petites victoires du quotidien, de la reconnaissance d’une famille et même aussi d’une mort sereine qui libère.
 ACO35 n° 44 – Juin 2016
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