« Oui, nous sommes bien le jumeau de Thomas »

2e dimanche de Pâques. Peurs, doutes, difficultés à croire… « A la place de Thomas, nous n’aurions pas fait mieux  »  Dans son homélie des samedi 15 et dimanche 16 avril 2023 (2e dimanche de Pâques ou de la Divine Miséricorde), Michel Montagne, diacre, le dit : « Thomas, c’est nous, qui avons tant de mal à croire à l’existence de Dieu et surtout à la résurrection de Jésus… ».

Michel Montagne, diacre: "Nous vivons dans un monde imprégné par l’indifférence, et l’incroyance. Or c’est dans ce monde que nous sommes envoyés pour témoigner de notre foi en Jésus Christ".
Michel Montagne, diacre: "Nous vivons dans un monde imprégné par l’indifférence et l’incroyance. Or, c’est dans ce monde que nous sommes envoyés pour témoigner de notre foi en Jésus Christ".

Pendant tout ce temps pascal et jusqu’à la Pentecôte, la liturgie nous propose comme première lecture un texte des Actes des apôtres à la place d’un texte de l’Ancien Testament.  Alors profitons en pour relire l’intégralité du texte de saint Luc.

Jean-Paul II a souhaité qu’en cet anniversaire de la canonisation de sœur Faustine, notre attention soit tournée vers la miséricorde dont Jésus a parlé lors de son apparition à la religieuse polonaise

Mais aujourd’hui, venons en directement à l’Évangile : on appelait Thomas, Didyme, c’est-à-dire  » jumeau  » nous dit saint Jean, mais personne ne parle de son jumeau… C’est quand même bizarre ! Peut-être parce que le jumeau de Thomas, c’est moi, c’est toi, c’est nous, qui avons tant de mal à croire et cherchons souvent des preuves de l’existence de Dieu et surtout de la résurrection de Jésus.

En ce 2e dimanche de Pâques, l’Église nous invite à tourner notre regard vers le mystère de la  » divine miséricorde « . C’est Jean-Paul II qui a souhaité qu’en cet anniversaire de la canonisation de sœur Faustine, notre attention soit tournée vers la miséricorde dont Jésus a parlé lors de son apparition à la religieuse polonaise.

Et l’Évangile nous aide à faire un pas de plus dans la découverte de cette miséricorde divine.

Cette peur, nous la connaissons bien et la comprenons bien : dans certains pays, les chrétiens sont massacrés ; ailleurs, ils sont tournés en dérision…

C’était au soir du premier jour de la semaine, c’est-à-dire le dimanche soir. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, ils avaient peur en raison du climat de haine et de violence qui régnait sur Jérusalem depuis la mort de Jésus, ils craignaient pour leur sécurité.

Cette peur, nous la connaissons bien et la comprenons bien : dans certains pays, les chrétiens sont massacrés ; ailleurs, ils sont tournés en dérision. Nous vivons dans un monde imprégné par l’indifférence, et l’incroyance. Or, c’est dans ce monde, tel qu’il est, que nous sommes envoyés pour témoigner de notre foi en Jésus Christ, et de la miséricorde de Dieu pour tous les pécheurs.

Comme il l’a fait pour les apôtres puis pour Thomas, le Seigneur ressuscité nous rejoint dans nos enfermements, dans ces prisons que nous nous sommes construites, nous même. Il est toujours là, et il ne demande qu’à nous rejoindre au cœur de nos vies, de nos déroutes et de nos épreuves.

Thomas avait vu Jésus mort sur la croix et enfermé dans son tombeau. Il ne pouvait pas imaginer qu’il ressusciterait. Nous n’avons pas à sourire de son incrédulité…

Nous avons vu la difficulté de Thomas à croire en cette bonne nouvelle. Pour lui, ce n’était pas possible. Il avait vu Jésus mort sur la croix et enfermé dans son tombeau. Il ne pouvait pas imaginer qu’il ressusciterait. Nous n’avons pas à sourire de son incrédulité. Si nous avions été à sa place, nous n’aurions pas fait mieux. Oui, nous sommes bien son jumeau !

Mais Jésus nous rejoint au cœur même de nos doutes et de nos détresses. Sa première parole est un message de paix. Cette paix, c’est la joie retrouvée, c’est la miséricorde et le pardon, c’est la réconciliation.

Quand il envoie ses apôtres en mission, c’est aussi nous qu’il envoie par notre baptême, il veut leur redonner, il veut nous redonner force et courage pour annoncer au monde entier, ou simplement autour de nous, dans nos familles, dans nos lieux de travail et nos divers milieux de vie, oui, annoncer que tous sont appelés à se convertir à Jésus Christ et à accueillir la miséricorde qu’il ne cesse de vouloir nous offrir.

Comme la première communauté chrétienne, nous sommes invités à appuyer notre vie chrétienne sur la dignité du Christ reçue à notre baptême : cette dignité de prêtre, de prophète et de roi. Réalisons nous bien que chaque dimanche, c’est le même Seigneur ressuscité qui nous rejoint au sein de nos communautés rassemblées en son nom pour l’Eucharistie.

Comme la première communauté chrétienne, nous sommes invités à appuyer notre vie chrétienne sur la dignité du Christ reçue à notre baptême : cette dignité de prêtre, de prophète et de roi…

Dans l’Évangile, nous voyons Jésus venir rencontrer les disciples enfermés par la peur pour leur dire à deux reprises “la paix soit avec vous”. Oui mes amis, nous devons vraiment être des messagers de cette paix dans notre monde qui a de plus en plus tendance à mettre au premier rang les rapports de force, la violence voire la barbarie.

Restons des femmes et des hommes porteurs de cette paix donnée par le Christ lui-même à ses disciples et à tous ceux qui les suivront. Et pour nous permettre de vivre cette paix, que nous avons tant de mal à vivre, Jésus ajoute “recevez l’Esprit Saint” dont on sait qu’il est l’animateur de toute vie chrétienne.

Chers sœurs et frères, lorsque le Christ va revenir une seconde fois, au milieu de ses disciples, Thomas va reconnaître “son Seigneur et son Dieu”. Alors à travers Thomas, Jésus va nous laisser ce message : “heureux ceux qui croient sans avoir vu”.

Michel Montagne,
diacre permanent de la paroisse Saint-Judicaël en Brocéliande