Le pardon des terre-neuvas ouvre la saison à Saint-Malo

Le pardon de la mer de Saint-Malo est le signe d’un renouveau des fêtes traditionnelles en Bretagne. Mgr Jean Bondu a présidé l’édition 2023 le dimanche 9 juillet. Reportage sur terre… et sur mer !

Propos recueillis par Yann Béguin

À Saint-Malo, on entretient la mémoire des terre-neuvas ! Ces pêcheurs qui, du temps de la marine à voile, partaient de longs mois sur les bancs de Terre-Neuve, au large du Canada, dans des conditions de vie très rudes. « Dans chaque bateau, il y avait une statuette de la vierge. Mais chaque marin avait aussi la sienne dans sa bannette (hamac) ! » raconte celui qui est la cheville ouvrière de ce pardon, né en 1926 mais tout juste relancé il y a 5 ans. Joël Lablanche explique que le pardon traditionnel s’est arrêté en 1966. Il y a quelques années, la paroisse a repris la tradition d’une messe dans les vestiges de la cathédrale de la Cité d’Alet, puis le pardon de la mer, lui-même, a été restauré et prend chaque année plus d’importance.

Mgr Jean Bondu a présidé cette messe en présence d’environ 500 personnes. Malouins et touristes mêlés ont bénéficié du temps clément pour vivre cette célébration en plein air. L’évêque auxiliaire de Rennes, dans son homélie, les a rejoints, à partir des textes liturgiques, pour évoquer le besoin de paix dans notre actualité troublée. « Ce qui apportera la paix, c’est de connaître Dieu, découvrir combien nous sommes aimés. Il est la vie, il est l’amour. »

Une fête paroissiale mais aussi populaire

« Notre projet était que ce soit une vraie fête populaire, et on a réussi au bout de 5 ans. Il y a de plus en plus de bateaux. » se réjouit Joël Lablanche. Son successeur, Thierry Denolle souligne l’implication de la paroisse : « nous avons 80 bénévoles de la paroisse pour la messe, la sécurité des bateaux, le repas … mais aussi de nombreux partenaires comme la mairie de Saint-Malo, la SNSM, les Affaires maritimes et des dons d’entreprises locales. C’est une fête chrétienne qui s’ouvre à la ville ! »

La statue de Notre-Dame des terre-neuvas a été portée en procession vers la cale de la Tour Solidor, accompagnée d’un trio de sonneurs et des bannières de la paroisse. Une jeune fille portait, tout à l’avant, une grande couronne de fleur, homme aux marins disparus en mer. Mgr Bondu et les personnalités civiles – Philippe Brugnot, sous-préfet ; Jean-Luc Bourgeaux, député, et Gilles Lurton, maire de Saint-Malo – sont montés dans le bateau de la SNSM (Société Nationale de Sauvetage en Mer) avant de prendre le large.

Prière et couronne pour les disparus en mer

Une quarantaine d’embarcations, du doris à rame à la grosse vedette, du voilier au canot pneumatique, les ont rejoints au milieu de l’embouchure de la Rance pour une cérémonie émouvante. Mgr Bondu a prononcé une prière pour les disparus en mer avant de jeter à l’eau la couronne de fleurs. Les bateaux ont fait sonner leurs sirènes puis tous sont passés devant la canot de la SNSM pendant que l’évêque auxiliaire les bénissaient un à un, avec une grande branche de buis.

Habitué, personnellement, des fêtes de la mer aux Sables d’Olonne, Mgr Jean Bondu a remarqué ici la dimension du « pardon » breton, donc de la réconciliation, « qui peut se faire avec la Création, avec nos frères, avec Dieu et avec nous-même. Nous avons besoin d’harmonie, de sobriété ! Une journée comme celle-là permet à un certain nombre, qui ont peut-être laissé Dieu de côté, de renouer par la tradition culturelle à une forme de croyance. » Mgr Bondu se dit, aussi, touché par l’engagement des bénévoles de la SNSM : « ils ont besoin que leurs actions soient reconnues, que l’Église puisse se manifester pour leur dire que ce qu’ils font est admirable, c’est de l’ordre du Salut. »

À leur retour sur terre, une fête attendait les marins au pied de la Tour Solidor. Les discours des personnalités ont précédé le concert de chants de marin et le repas qui s’est prolongé dans l’après-midi.

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