Accueil des réfugiés : des paroisses déjà très expérimentées en Ille-et-Vilaine

L’association Tabgha de St-Grégoire accueille des réfugiés syriens en France

Une trentaine de paroisses d’Ille-et-Vilaine, comme à Pacé ou St-Grégoire, sont engagées depuis 2015 dans l’accueil des migrants. Désormais, c’est la crise ukrainienne qui met en lumière l’importance pour les chrétiens de cette solidarité fraternelle envers les réfugiés de guerre.

Pour certaines paroisses d’Ille-et-Vilaine, l’action envers les migrants et réfugiés est très ancienne, comme à la paroisse St-Augustin de Rennes dont l’association accueillait déjà des boat-people asiatiques dans les années 80. Mais c’est en 2015 que la plupart se sont organisées pour cet accueil. Le diocèse a rapidement soutenu cet élan par la création du Réseau migrants, qui relie une trentaine de paroisses, et de l’association de la Diaconie Brétillienne.

Collectif de Pacé : une famille par clocher !

En 2015 à Pacé, des catholiques ont entendu l’appel du pape François demandant d’accueillir un réfugié syrien par clocher. Leur paroisse de St Melaine aux Carrefours Pacéens comptait 6 clochers… ça sera donc 6 familles ! Aujourd’hui la paroisse accompagne 10 familles de migrants. « C’est un accueil à long terme – explique Willy Pastsouris, membre du collectif – car ces gens n’ont pas de papier et ont besoin de 5 ans de présence en France pour pouvoir rêver d’avoir un titre de séjour provisoire et une promesse d’embauche. C’est vraiment un travail de résilience ! » Logement équipé, nourriture et habillement… une fois les premiers besoins satisfaits, il y a l’apprentissage du français, la scolarisation des enfants, l’accompagnement administratif pour franchir peu à peu toutes les barrières et « un accompagnement psychologique important ».

Mobilisation de bénévoles du collectif de Pacé pour accompagner une personne au Tribunal Administratif de Rennes

Pour assurer ce travail, environ 70 bénévoles sont mobilisés. Une quarantaine de personnes financent l’opération avec un prélèvement mensuel défiscalisé. Et ça marche : quatre des familles accueillies ont désormais un travail et sont financièrement autonomes. Le collectif n’est pas une association : il est en lien direct avec le diocèse au travers de la Diaconie Brétillienne, qui a pour mission depuis 2016 de soutenir les actions de charité des paroisses en Ille-et-Vilaine.

A St Jean Paul II : c’est un accompagnement dans le temps !

Toujours en 2015, à quelques kilomètres de là, l’association Tabgha est créée par la paroisse Saint-Jean-Paul-II (Saint-Grégoire, Betton, Melesse…). Des bénévoles, déjà engagés au Secours catholique ou au CCFD-Terre solidaire, lancent l’accueil de 6 familles. L’association se met en contact avec la plateforme chrétienne Couloirs humanitaires, qui organise, à partir de 2017 et en accord avec l’Etat français, le transfert de réfugiés irakiens et syriens particulièrement vulnérables, à partir du moment ou une association les reçoit. Leur statut administratif est donc plus simple mais « on sait que c’est un accompagnement qui va être long ! » commente Bernard Barré, fondateur de l’association paroissiale.

Repas partagé de l’association Tabgha : tisser des liens fraternels est au cœur de l’accompagnement longue durée pour permettre l’insertion des réfugiés

« Il faut en général compter 1 an et demie pour atteindre l’autonomie pour le logement et les ressources. Le temps d’apprendre la langue est plus long, puis c’est l’orientation vers l’emploi ou une formation et la capacité à créer une vie sociale… Je dis toujours aux nouveaux bénévoles : est-ce que vous êtes prêts à vous engager sur 5 ans ? » Les liens entre bénévoles et familles accueillies perdurent plus longtemps encore car ces dernières s’insèrent localement.

Une vingtaine de bénévoles forme le noyau de l’association, et des appels financiers sont faits au fur et à mesure des besoins à la paroisse et à un fichier d’environ 80 personnes donateurs. Peu à peu les membres de Tabgha ont souhaité élargir leur accueil à d’autres personnes étrangères en difficulté sur le territoire – actuellement 6 personnes ou familles – et « à toute forme de détresse » que l’on peut rencontrer sur la paroisse. Là aussi, « on sait d’emblée que ce sont des accompagnements longs. Notre ADN c’est de nous situer dans le temps ! »

Ils se préparent à accueillir les ukrainiens

Que va changer, pour ces bénévoles déjà expérimentés depuis 7 ans, l’arrivée des ukrainiens qui fuient en masse leur pays ? Willy Pastsouris s’inquiète : « En ce moment il y a beaucoup d’émotion et c’est tant mieux. Mais les gens ne mesurent pas le travail que cela demande ! Il y a besoin d’un socle puissant d’accompagnement. On a aussi un point de vigilance avec l’Ukraine : il ne faut pas qu’un migrant en chasse un autre. Les propositions de logement affluent, mais je rêve que cela puisse servir pour les ukrainiens et pour les autres. »

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A St-Grégoire, l’association Tabgha a déjà pris contact avec les CCAS des communes couvertes par la paroisse afin de se préparer à l’accueil des ukrainiens. En complément de l’administratif, que ces services maîtrisent, « nous, nous proposons un accompagnement pour le quotidien. Nous formons en ce moment une équipe d’une quinzaine de nouveaux bénévoles et nous avons recensé des logements disponibles » détaille Bernard Barré.

« Nous considérons que les migrations ne font que commencer. Soit on a le sens de l’accueil et de l’intégration, soit on crée des murs. Mais je n’ai jamais vu qu’un mur arrêtait un flot ! » conclue Willy Patsouris.

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