Mission rurale : une nouvelle dynamique diocésaine

Rencontre avec la nouvelle équipe qui porte le sujet de la Mission rurale dans le diocèse de Rennes. Elle a récemment organisé la présentation d’un spectacle autour de l’encyclique Laudato si et se dit attentive à la crise agricole actuelle.

Propos recueillis par Yann Béguin

En février 2024, quatre paroisses rurales, des quatre coins du diocèse, ont répondu à l’appel de la Mission rurale pour accueillir le spectacle « Au commencement le VERT était dans la pomme », réalisé par Vincent et Mireille Buron. A Montauban-de-Bretagne, Saint-Coulomb, Guichen puis Sixt-sur-Aff, « nous avons comptabilisé 1100 personnes sur ces 4 représentations, nous sommes donc satisfaits » constate le père Joseph Cado, prêtre accompagnateur de la Mission rurale – Terres d’Espérance. Il reconnaît que « ça fait bouger la réflexion des gens, car ce spectacle fait passer un message avec de l’humour : dans quel monde sommes-nous, quel sens donnons-nous à ce que nous faisons et que pouvons-nous faire pour apporter notre contribution au changement ? »

Adam et Eve (Ish et Isha), aujourd’hui, sont devenus maraîchers : ils se posent des questions sur l’état de notre maison commune ! (Représentation à Guichen du spectacle « Au commencement le VERT était dans la pomme » le 17 février 2024)

Faire du lien avec les paroisses et les mouvements

Début mars, les 4 paroisses et l’équipe diocésaine feront le bilan de cette initiative « pour comprendre comment on participe à la mission de l’Eglise, en proposant ce spectacle, et quelles suites pourrait-on imaginer. » Certaines paroisses du diocèse ont, par exemple, déjà l’expérience d’un groupe de réflexion autour de l’encyclique Laudato si. Comme à Guichen, où une quinzaine de personnes se retrouvent chaque mois, ainsi qu’une douzaine à Louvigné-du-Désert. Un compte rendu paraîtra sur le site de la Mission Rurale35 – Terres d’espérance, avec l’espoir que de nouveaux groupes se mettent en marche.

Marie-Odile Aubert, nouvelle coordinatrice, avec Alain Planchais, de la Mission rurale – Terres d’Espérance dans le diocèse de Rennes, explique que « la Mission rurale est un organe de relecture, qui va chercher à relier ce qui se passe dans les paroisses et les mouvements. » Le spectacle sur Laudato si « a justement permis de mettre plusieurs paroisses dans le coup. » Mais elle regrette que la moyenne d’âge des spectateurs y était assez élevée. « Les jeunes sont plus dans l’action, moins dans la relecture de vie ; ils réfléchissent et construisent leur projets  Il faut arriver à faire du lien avec eux, comme lors de la Fête de la Courge du MRJC en novembre dernier. » Autre préoccupation pour l’équipe : celle de la pauvreté en rural. « Notre vision est vraiment celle de l’écologie intégrale, c’est-à-dire qui intègre la dimension humaine et sociale à la dimension environnementale. »

Des membres du MRJC et du CMR lors de la fête de la courge en novembre à Breteil
EN SAVOIR PLUS

Pour donner suite au rassemblement national « Terres d’espérance » initié par la Commission rurale de la Conférence des évêques de France et vécu – avec 12 personnes du diocèse de Rennes – en avril 2022 à Châteauneuf-de-Galaure, et au rassemblement diocésain de novembre2021 à Combourg, une équipe « Mission rurale diocésaine » a été créée.

Le site de la Mission rurale du diocèse : https://rennes.catholique.fr/missionrurale

Crise agricole : favoriser le dialogue

L’équipe diocésaine est bien sûr attentive à la crise agricole actuelle. Le 25 janvier, les évêques bretons déclaraient dans un communiqué se sentir « proches de vous, cultivateurs, éleveurs et pêcheurs. » et concluaient « il est normal que votre métier soit pleinement reconnu en tant que tel, et que vous soyez soutenus et encouragés dans la transition écologique à laquelle nous sommes tous solidairement appelés. »

LIRE la Déclaration des évêques bretons en soutien aux agriculteurs de leur région

Pour le père Joseph Cado, la situation est complexe et « tendue », la crise mettant en valeur l’expression de réalités différentes : celles portée par le syndicat majoritaire, avec qui « on a plus de mal à parler de Laudato si », et celles des agriculteurs bios, « qu’on a moins entendu ces dernières semaines » et qui sont aussi en grande difficulté malgré leurs efforts « pour un plus grand respect de la Terre et de la nature ». Prenant appui sur la Parole de Dieu, l’objectif de la Mission rurale – Terres d’Espérance est alors de tenter de « favoriser le dialogue, dans le respect du cheminement des uns et des autres et ainsi de casser les à-priori et les caricatures des uns et des autres, au sein de la profession comme dans les relations producteurs / consommateurs d’ailleurs. »

La délégation du diocèse de Rennes à Terres d’Espérance en avril 2022

Regarder avec optimisme

Marie-Odile Aubert, aussi membre du mouvement Chrétiens dans le Monde Rural (CMR), évoque le communiqué du mouvement à ce sujet et souligne l’enjeu de « faire évoluer les pratiques agricoles. Nous sommes restés sur un modèle productiviste des années 50 où il fallait produire, nourrir la France. » D’ailleurs, « le spectacle « Au commencement le VERT était dans la pomme » nous pose bien « cette question de la responsabilité de la Terre. On y voit toute notre ambivalence ! Je crois qu’il faut regarder les initiatives qui sont mises en place, avoir quand même de l’optimisme, et non pas toujours regarder ce qui est négatif. »

VOIR AUSSI : Les évêques de France au Salon de l’agriculture 2024 (site de la Conférence des évêques de France)