Père Erwan Barraud, pêcheur de pécheurs

Témoignage du Père Erwan Barraud, paru dans la revue Eglise en Ille-et-Vilaine n°254 de juin 2014

Après des années de discernement, le jour où l’évêque appelle à l’ordination sacerdotale est crucial. Par sa voix, c’est Dieu lui-même qui répond à la question que je me posais depuis l’âge de 21 ans. Désormais, je peux tourner tout mon être vers cet événement, qui sera à la fois un terme et surtout un commencement : je serai ordonné prêtre. Je désire donner ma vie pour le service de l’Eglise, dans la grâce du Christ sans qui je suis incapable de me donner et je commence à percevoir que l’Eglise l’accueille et rend grâce !

Nous nous préparons à cette étape en nous efforçant d’orienter d’avantage notre vie vers le Christ : je vais faire une semaine de retraite en silence. Par l’ordination, nous entrons encore plus profondément dans la vie de Jésus-Christ, dans le don qu’il fait de lui-même pour le salut des hommes. Progressivement, tout au long de notre vie, nous devrons nous conformer à cette parole centrale de l’Eucharistie : « ceci est mon corps livré pour vous ». C’est là une des raisons essentielles pour lesquelles le Seigneur nous appelle au célibat. Bien sûr, on se prépare aussi d’une façon plus « pratique » à célébrer l’Eucharistie : un prêtre du séminaire nous apprend comment utiliser le missel… Cette année, nous avons aussi vécu plusieurs sessions sur les sacrements ou l’accompagnement spirituel. Nous sommes en paroisse environ trois semaines par mois pour vivre notre ministère diaconal au sein d’une communauté.

Au cours de la célébration, il y a plusieurs rites très importants. La prostration, par exemple, consiste à s’allonger par terre. Cela signifie qu’on se remet totalement entre les mains de Dieu. C’est le signe de l’offrande de toute notre vie pour son plan de salut. C’est aussi le signe de la mort à soi-même pour se laisser relever. Aussitôt après, l’archevêque impose les mains sur notre tête, c’est là un des plus anciens gestes liturgiques qui signifie le don de l’Esprit-Saint. Tous les prêtres présents, dans un grand silence, passent ensuite devant l’ordinant pour lui imposer les mains et participer ainsi à la transmission du don du sacerdoce, c’est aussi un signe de communion. L’archevêque prononce ensuite la prière d’ordination qui contient notamment ces mots : «  répands une nouvelle fois au plus profond de lui-même l’Esprit de sainteté; qu’il reçoive de toi, Seigneur, la charge de seconder l’ordre épiscopal ». Ensuite la vêture manifeste extérieurement le changement d’état, puis l’évêque fait une onction de Saint-Chrême sur les mains du nouveau prêtre, ces mains qui vont présenter les offrandes du peuple de Dieu dans l’Eucharistie. C’est dans ce sens qu’on lui remet ensuite le calice et la patène, qui servent à présenter le vin et le pain.

Pour bien se préparer, les ordinands ont surtout besoin de la prière de toute l’Eglise, afin d’être vraiment dociles à l’Esprit qui cherche à nous unir d’avantage au Christ, pour que nous soyons bien des pasteurs « selon son cœur ». Avis aux amateurs !

Erwan Barraud a été ordonnée prêtre le 29 juin 2014 en la cathédrale Saint-Pierre de Rennes.

Retrouvez le reportage que lui a consacré Pèlerimages : Pêcheur de pécheurs