75 ans de la Shoah : cérémonie à la synagogue de Rennes

Une cérémonie de commémoration des 75 ans de la libération d’Auschwitz a eu lieu à la synagogue de Rennes le 26 janvier 2020, en présence de personnalités civiles et religieuses, dont Mgr d’Ornellas.

« Le 27 janvier 1945, il y a 75 ans, le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau était libéré. » Cet évènement est plus qu’une péripétie de la Seconde Guerre Mondiale : Hubert Chardonnet, adjoint à la Maire de Rennes, constate que « La Shoah a changé, à tout jamais, notre regard sur la civilisation. » Cette cérémonie, organisée par l’Association Cultuelle et Culturelle Israélite de Rennes, faisait écho à la Journée internationale à la mémoire des victimes de l’Holocauste du 27 janvier.

Philippe Strol, président de l’ACCI de Rennes

Philippe Strol, président de l’ACCI de Rennes, a évoqué en introduction le souvenir de son père, hongrois de 13 ans, qui, en arrivant au camp d’Auschwitz, à menti sur son âge et n’a ainsi pas fait partie des neuf cent mille personnes assassinées le jour même de leur arrivée au camp. « Un endroit où furent assassinés plus d’un million cent mille hommes, femmes, enfants et vieillards de façon industrielle, planifiée, méthodique. »

Philippe Strol s’est dit ensuite « préoccupé par la résurgence de l’antisémitisme en Europe », listant les victimes en France ces dernières années. « 84% des 18-24 ans disent avoir subi au moins un acte antisémite, selon une toute récente enquête de l’IFOP. » « Les juifs français sont inquiets, mais ils ne sont pas résignés. »

Le Préfet délégué Patrick Dallenne a pour sa part insisté sur la notion de mémoire collective. »Si la Shoah constitue, sans conteste, la plus horrible des exterminations institutionnalisées, d’autres exemples d’une rationalisation du crime ethnique pourraient être cités, renvoyant aux mêmes mécanismes. » Revenant sur la Shoah, il rapelle : « Ici même, en Bretagne, ce sont au moins 462 Juifs qui ont été arrêtés puis conduits vers les camps de la mort. Seuls quatorze en sont revenus vivants. »

Il conclue : « Chers membres de la communauté juive rennaise, soyez assurés que la République se tiendra toujours à vos côtés. (…) Je tiens donc à exprimer, comme l’a fait la préfète Michèle KIRRY en octobre dernier, l’engagement résolu et continu de l’État pour garantir votre sécurité et votre liberté de culte, à travers la politique de lutte contre l’antisémitisme et la sécurisation de vos lieux de culte et culturels. »

Magda Hollander-Lafon, 92 ans, une rennaise rescapée du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, a ensuite partagé un court témoignage : « Nous avons osé exprimer l’incommunicable. (…) Il nous est proposé de « ressusciter Dieu », comme disait Etty Hillesum, et d’appeler en l’homme son humanité. (…) Notre vie à un sens, un sens supérieur qui nous dépasse. J’ai foi que chaque homme et chaque femme peuvent être un témoin de Vie pour notre temps. Demain dépend de chacun de nous. »

Étaient aussi présents à cette cérémonie, devant la communauté juive rennaise : Mgr Pierre d’Ornellas, Archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo ; Béatrice Hakni-Robin et Claudine David, Vice-Présidentes du Conseil départemental ; Mohamed-Iqbal Zaidouni, Président du Conseil régional du culte musulman.

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