Vies fragilisées mais relevées … grâce aux autres et à Dieu !

Communauté Chrétienne n° 201 – Mai 2019

Autour de nous, nous connaissons tous des situations qui viennent brusquement fragiliser nos vies. Tous ces événements changent la trajectoire de nos vies : maladie, deuil, harcèlement au travail, discrimination, chômage, mal-logement, petits contrats ou conditions de travail difficiles, familles déchirées, migrations …. Souvent, cela est vécu comme un drame. Dans tous ces moments difficiles à vivre nous pouvons nous sentir perdus, désorientés. Un peu comme ces compagnons d’Emmaüs, qui s’en retournent chez eux, après des événements douloureux vécus à Jérusalem. Dans ces moments-là, nous nous sentons seuls, abandonnés à notre triste sort. Mais, à la croisée des chemins, tout peut changer. Jésus-Christ, lui-même rejoint les compagnons. Il leur ouvre l’esprit, le cœur et les yeux pour qu’ils accueillent avec joie la vie qui s’ouvre à eux.  Aujourd’hui, dans nos galères, nous ne sommes pas seuls à cheminer. Une simple rencontre peut tout changer. Que ce soit un regard bienveillant, ou des paroles qui sèment des germes de confiance. Nous croyons, qu’à travers ces personnes, c’est Jésus-Christ lui-même qui nous rejoint et qui nous fait découvrir le vrai sens de nos vies.

Martine et Marie-Odile

Témoignage de Laetitia, lors de l’après-midi du dimanche 17 mars, à St Luc, au début du Carême :

Vie fragilisée 

« Un seul élément peut suffire à fragiliser une vie, mais, dans ma vie, ils se sont additionnés sur le plan familial et professionnel. Dès mon enfance, j’ai été confrontée à un père violent et à un divorce très difficile entre mes parents puis une famille recomposée pas forcément simple à vivre tous les jours. D’où un sentiment d’insécurité et donc un manque de confiance en moi créés dès l’enfance.
A l’adolescence -fin de 5è-, une orientation en CAP sténo dactylo. A l’époque c’était comme ça ‘les filles en secrétariat, les garçons en mécanique ou bâtiment’. J’ai fait de mon mieux. Pour élargir mes compétences, j’ai passé un BEP en compta. A la fin de mes études, je me suis inscrite à l’ANPE pour la 1ère fois. J’avais 19 ans. J’ai eu l’opportunité d’un contrat de qualification pendant 18 mois pour un bac pro bureautique. C’est à cette période que je me suis installée avec mon compagnon. Finalement, ça n’a pas été facile de préparer un Bac en alternance avec l’examen en juin et la naissance de mon 1er fils en août. Sur le plan professionnel, pas de réussite à l’examen et la fin du contrat.
Avec un bébé et sans véhicule, difficile de trouver du travail. Ainsi se sont enchainés divers contrats et périodes de chômage au fil des années.
Dans ma vie familiale, 2 autres enfants sont venus agrandir la famille avec 3 ans d’écart entre chaque, et pour lesquels j’ai pris 2 congés parentaux.
En même temps, des difficultés s’accentuaient dans mon couple. Malgré cela, j’essayai d’y croire. Nous avions acquis une petite maison à rénover, mais mon mari préférait que je reste à la maison, reproduisant le schéma du ‘papa qui travaille et la maman qui reste au foyer avec les enfants’. Très jaloux et dominateur, ça le rassurait. Je me suis laissée entrainer là-dedans. A partir de 2002, les violences se sont amplifiées, notamment avec sa consommation d’alcool et d’autres problèmes pour lesquels il aurait dû se soigner. Il est devenu plus impulsif, menaçant.
Sans travail avec 3 enfants, j’étais complètement dépendante. Cependant une Assistante Sociale m’avait prévenue que je risquais le retrait de mes enfants, car ils étaient en danger. Une scène plus violente m’a contrainte à partir rapidement avec eux. Nous avons été accueillis à droite à gauche, avant d’être hébergés dans un foyer de l’ASFAD pendant près d’1 an. Milieu protégé sans visite. Ça a été une période très difficile pour moi et les enfants alors âgés de 4, 7 et 10 ans. Ce n’est pas rien de devoir partir en laissant tout, avec seulement des effets vestimentaires ; même les enfants n’avaient pas leurs jouets ; changement d’école et de copains pour eux aussi, c’était dur et ça me rendait malheureuse.

Vie relevée grâce aux autres et à Dieu 

Avec les autres femmes, on partageait nos craintes, nos doutes, l’amour de nos enfants. On avait toutes un point commun : seules avec nos enfants à protéger. La difficulté, c’est de se retrouver avec l’impression d’être enfermée dans une bulle, avec l’appréhension du monde extérieur insécurisant sans pouvoir se projeter vers un avenir, de se retrouver face à celui qui nous menace. Face à des difficultés qui nous étaient communes, il y avait entre nous une grande solidarité. Car seule avec des enfants, avec leur quotidien à gérer, cela m’obligeait à tenir bon. Un combat pour leur donner une éducation avec des repères et des limites. Ne pas baisser les bras mais rester disponible pour les écouter, les encourager. Pour dépasser mon propre découragement, je me suis souvent engagée comme bénévole au KT, à l’école, au BDI, à la collecte de la banque alimentaire.
Mais ce qui m’a le plus soutenu, c’est ma foi en Dieu. Avec le recul, je suis persuadée que les aides humaines que j’ai reçues me sont venues de Lui.
Je me suis souvent réfugiée dans des églises pour prier et pleurer aussi, confier mes peines, mon fardeau trop lourd, comme on pourrait le faire avec une amie. Chaque fois, je repartais le cœur plus léger et plein d’espérance.
Quand je me suis trouvée en situation de harcèlement dans un de mes emplois, je me suis tournée vers Ste Thérèse ; grâce à elle, j’ai trouvé la force de faire face. Une nuit, j’ai fait un rêve, peut être un songe, tant cela me semble réel, où Ste Thérèse me disait « Aie confiance ! » Seulement ces 2 mots, mais ils sont restés gravés en moi. Des mains secourables se sont trouvées sur mon chemin alors que je désespérais, pour diverses raisons.
Recevoir des autres oblige à faire preuve d’humilité. C’est ainsi que j’ai dû accepter des colis alimentaires régulièrement. J’en suis particulièrement reconnaissante à un prêtre qui est devenu notre ami, le Père Joseph Cado, qui nous a quittés récemment. Il m’avait mise en relation avec 2 bénévoles de l’association St Vincent de Paul qui m’ont beaucoup aidée.
Avant de quitter le foyer, j’ai suivi un stage de retour vers l’emploi où j’ai rencontré d’autres femmes monoparentales qui vivaient dans leur appartement. Ce stage m’a permis de rebondir puisque j’ai obtenu un contrat dans une école pendant 1 an. La directrice m’a fait confiance ; je me suis sentie valorisée. Avec ce contrat, j’ai pu retrouver un appartement à Villejean où je suis restée environ 10 ans.
Après toutes ces difficultés, c’était une vraie fierté de m’en sortir et de reprendre une vie plus normale pour moi et mes enfants.
A mon arrivée à Villejean, j’ai rencontré le Père Jean Delaunay et Bernadette lors de l’inscription de mes enfants aux KT puis à l’ACE. A la fin d’une célébration en Mission Ouvrière, Jean m’a présenté à Roselyne et invité dans leur équipe ACO que j’ai accepté de rejoindre. Cette équipe avait une spécificité : monoparentale. Là, j’ai trouvé beaucoup d’écoute, de bienveillance, de confiance. J’ai découvert un lieu pour faire Révision de Vie et appris à faire un lien entre l’Evangile et ma vie. Il m’a sollicité pour la vie paroissiale, au départ pour des lectures, puis aussi pour le KT, la kermesse, cela m’a obligé à me dépasser ; je me sentais reconnue et utile.
Mais Jean n’a pas hésité à me bousculer, quand il sentait que j’en avais besoin, car je me suis encore retrouvée sans emploi alors que je venais de valider une reconversion professionnelle ; j’étais complètement découragée…
Lors d’une retraite ACO, j’ai rencontré Paulette. Alors que je me trouvais dans une situation difficile financièrement (fin de droit au chômage et avec mes enfants à charge) et par conséquence psychologiquement. Elle a pris mes coordonnées et m’a contacté quelques jours plus tard car elle avait vu un article sur une association, SNC (Solidarité Nouvelle Face au Chômage). J’ai été touchée de savoir qu’elle se souciait de moi après notre brève rencontre. L’association m’a apporté soutien et accompagnement pour rester mobilisée dans mes démarches. Et je suis repartie encore une fois avec un contrat.
Ce qui m’a aidé et m’aide toujours à tenir et à persévérer, ce sont d’abord mes enfants, ma famille, ma mère en particulier, les rencontres, notamment au cœur de l’ACO, les associations, grâce à Dieu et à la foi qui me permet de tenir et d’accomplir ce chemin. Je n’aurai jamais imaginé qu’il me conduise jusqu’à la fonction que j’occupe aujourd’hui… »

 

Les abus sexuels dans l’Eglise commis par des religieux nous ont troublés dans notre foi en l’Eglise. Voici la lettre adressée à Mgr d’Ornellas, fin mars :

Monseigneur,

Des paroissiens de Saint Luc ont décidé de se réunir les 13 et 27 Mars à Beauregard, pour un sujet qui les bouleverse : « Les abus sexuels au sein de notre Eglise »

Au terme de nos échanges, une conclusion commune nous anime, celle de notre impuissance, mais aussi une certitude, celle de notre soutien aux victimes, qui ont subi, dans le silence et dans la honte, des blessures irréversibles….

Face au déni destructeur qui nous atteint, nous faisons le choix de la parole, celle qui libère… Meurtris dans notre confiance en l’institution « Eglise », nous attendons votre soutien et votre engagement à nos côtés. Nous serions heureux de vous accueillir au sein de notre paroisse.

Fraternellement.     

Un groupe de vingt paroissiens

 

Mgr d’Ornellas a répondu qu’il était disposé à venir ‘échanger avec nous sur cette question très délicate et complexe’. Une date va être prise et vous sera communiquée.

logo St Luc1

Coordonnées

 

"A noter dans votre agenda"

Temps de convivialité et partage
Le mardi :

  • à 10 h 15, partage sur l’évangile du dimanche suivant
  • de 15 h 30 à 16 h 30, moment convivial autour du chapelet.

Le jeudi :

  • de 14 h à 17 h, temps de convivialité autour de jeux, dans la salle 8 sous l'église.

Le Vendredi :

  • de 9h30 à 11 h : Café paroissial au cœur du marché, dans les salles sous l’église. Accueil, partage, informations. Ouvert à tous.

Le dimanche de 11h30 à 12h00, après la célébration : café paroissial « un temps pour se rencontrer »

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