105ème Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié

Communauté Chrétienne n° 205 – Octobre 2019

Le dimanche 29 septembre, avec l’Eglise universelle, nous avons célébré la 105^ème Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié.
Nous avons écouté ce qui se vit au sein de notre paroisse avec  l’accueil de nuit à Beauregard.
Voici le témoignage apporté :

« L’accueil de nuit est un service de la paroisse Saint Luc à Beauregard qui a commencé à fonctionner fin avril.
Il a été progressivement mis en place suite à un certain matin où Gérard, en se levant, a découvert un homme qui dormait sur sa terrasse ; ce qui ne pouvait le laisser indifférent.
C’est ainsi, qu’après des démarches indispensables, une équipe s’est mise en place pour accueillir de personnes sans toit, dans les locaux de la paroisse à Beauregard.
Chaque jour, de 19h à 19h30, 1 ou 2 bénévoles accueillent les personnes qui nous sont envoyées par l’association ‘Un toit, c’est un droit’. C’est parfois une famille avec enfants (enfants de 18 ans jusqu’à quelques mois seulement… 3 mois exactement pour le plus jeune…), parfois un couple… Les origines sont diverses…
Nous restons un petit moment avec eux pour faire connaissance… Etre pour eux, un visage accueillant au milieu de leurs difficultés ; leur apporter un peu de chaleur humaine, en référence à la parole de Jésus: « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait« .
Nous leur présentons le local et ce qui est mis à leur disposition : matelas, lits de camp, un lit de bébé. Des draps, couvertures, couettes, etc… et aussi du café, de la tisane, du thé… des jeux pour les enfants…
Un soir, une famille à qui je disais que nous avons peu de choses à offrir m’a répondu : « Pour nous, c’est beaucoup… Merci pour ce que vous faites. »
Le matin, le départ des familles a lieu aux environs de 8h, toujours en présence de bénévoles.

Aujourd’hui, j’ai envie de vous dire que si nous avons pu mettre en place ce service, c’est en grande partie, grâce à vous. Grâce à vos dons financiers ou matériels. Soyez-en remerciés, au nom de la paroisse, au nom des bénévoles, mais aussi au nom des personnes que nous accueillons.
Mais je me permets aussi de vous solliciter encore un fois. Nous avons besoin de bénévoles pour l’accueil. Une douzaine de personnes seulement pour un accueil journalier, matin et soir !… plus ces derniers jours, 2 jeunes qui sont venus nous rejoindre.
Venez, vous aussi et vous verrez que même si on touche du doigt la misère et la souffrance, ce service ne peut être qu’enrichissant ! Ouverture, accueil de l’autre, partage avec des adultes mais aussi avec des  enfants… Venez, oui venez et vous verrez… Plus on sera nombreux, moins ce sera contraignant. »

Quelques précisions sur l’accueil de nuit à Beauregard

Depuis le 27 avril 2019

« Nous avons accueilli 13 familles dont certaines sont revenues plusieurs semaines. Il y a eu 53 nuits d’accueil – il n’y eut pas d’accueil en juillet et août- Ce qui représente 321 nuitées. (148 nuitées adultes et 173 nuitées enfants). En général, nous accueillions de couples avec leurs enfants.
L’accueil se fait à la semaine du mercredi soir au mercredi suivant au matin afin de permettre aux familles de se reposer pendant 7 jours au calme.
Actuellement l’association ‘Un toit, c’est un droit’ peine à nous envoyer des familles car, depuis la descente de police aux Gayeulles, les familles ne souhaitent plus quitter les quelques biens matériels dont ils disposent. » (Sylvie)

Message du Pape François à l’occasion de cette journée, résumé dans l’homélie de Joseph Pouriel.

Le Pape François souhaite interroger chaque chrétien sur son attitude intérieure face à l’arrivée de migrants :

Ils arrivent « chez nous » en préférant risquer leur vie dans des « parcours migratoires » souvent très dangereux, dans l’espoir de trouver une vie meilleure. Quelle est notre manière de percevoir cette réalité qui s’impose à nos sociétés « riches » ? Comment est-ce que j’en parle ?

Face à cette situation, avec ses conséquences politiques, le Pape nous invite à avoir un regard qui n’enferme pas les personnes dans leur statut de « migrants ». Quel que soit leur statut juridique, il s’agit d’abord et avant tout de « frères » et il s’appuie sur des nombreux passages d’Évangile pour nous rappeler quelques-unes des attitudes qui devraient nous caractériser en tant que chrétiens.

Tout d’abord il nous invite à dépasser nos peurs car nous pouvons avoir peur face à des inconnus, face à « l’étranger ».Il nous faut combattre cette peur (Mt14,27) qui nous prive du désir et de la capacité de rencontrer l’autre différent de moi… et finalement d’une occasion de rencontre avec le Seigneur.

L’attitude du bon Samaritain de l’Evangile nous pousse également à plus d’humanité, à nous « faire le prochain » de ceux que nous voyons en difficulté (Lc10,33), à reconnaître leur souffrance et passer à l’action pour les soulager. S’ouvrir aux autres n’appauvrit pas mais enrichit, car cela aide à être plus humain. Il s’agit aussi de n’exclure personne. Nos sociétés occidentales développent en leur sein un individualisme accentué et deviennent élitistes et cruelles envers les exclus…

Pour nous Chrétiens, il ne s’agit pas seulement de migrants mais il s’agit de mettre les derniers à la première place (Mc 10,43-44). La « mondialisation de l’indifférence » nous pousse vers la logique du « moi d’abord, les autres après ». Mais la vraie devise du chrétien c’est « d’abord les derniers ». Se mettre au service de ces frères éloignés, sans choisir. Dans la logique de l’Évangile les derniers viennent en premier et nous devons nous mettre à leur service !

 Le Pape François nous invite, en conclusion de sa lettre, à avoir un regard bienveillant envers tous nos frères car les migrants ne sont pas seulement un problème à affronter mais des frères et des sœurs à accueillir et à aimer. Nous construirons ainsi une société plus juste, une démocratie plus accomplie, un pays plus solidaire, un monde plus fraternel et une communauté chrétienne plus ouverte, selon l’Évangile.

Suite à ces réflexions du Pape François, que pouvons-nous faire concrètement pour ne pas percevoir cette « crise migratoire » comme un problème à affronter politiquement et qui ne nous concernerait pas directement, mais bien plutôt comme une possibilité  « de rencontrer l’autre différent de moi… et finalement d’une occasion de rencontre avec le Seigneur » ? « Que dois-je faire ? »

Dans notre diocèse plusieurs collectifs et associations se sont constitués en ce sens. Vous pouvez vous en rapprocher pour accueillir. En ce moment, vous avez entendu l’appel de Myrande ou de Sylvie pour étoffer l’équipe des accueillants du matin et du soir à Beauregard…Et vous entendrez l’appel tout-à-l’heure à vous renseigner pour ensuite vous engager dans l’accueil au sein de la nouvelle antenne du Secours Catholique au bout de l’avenue de Guyenne (ex église St Marc). (contacter: J. Pouriel – tél. 02 99 14 32 41 – mel : jopouriel@wanadoo.fr

A chacun de voir selon ses possibilités. L’important c’est de ne pas avoir peur d’accueillir. L’appel au service, à l’accueil du prochain que nous voyons en difficulté… est au cœur de l’Évangile.

Toutes les bonnes volontés, toutes les initiatives en ce sens seront les bienvenues !