« Le Saint-Sacrement, c’est Jésus au milieu de nous »

La fête du Saint-Sacrement est la célébration du Dieu d’amour qui se révèle en donnant son corps et son sang, en se donnant à nous comme nourriture de vie éternelle. Le père Fernand Lepage le dit dans son homélie des 10 et 11 juin 2023. 

« Vivre de l’Eucharistie, c’est participer à la célébration de la messe de façon active, comme le dit le concile Vatican II, et non en spectateur muet et étranger », rappelle le père Lepage.
« Vivre de l’Eucharistie, c’est participer à la célébration de la messe de façon active, comme le dit le concile Vatican II, et non en spectateur muet et étranger », rappelle le père Lepage.

MÉDITATION DE LA PAROLE. Le sacrement du corps et du sang de Jésus Christ, c’est ce que nous fêtons aujourd’hui en ce 2e dimanche après la Pentecôte. Pourquoi ce titre,  ces désignations?  Car en réalité, c’est ce que nous avons déjà vécu le Jeudi saint : Jésus institue l’Eucharistie.

Retrouvez les homélies du Temps pascal en cliquant ici :
7e dimanche: « Votre cœur se réjouira si vous rencontrez souvent le Seigneur »
6e dimanche : « Je rends grâce à Dieu pour vous tous » (messe d’action de grâce des 50 ans du père Protogène)
5e dimanche : « Notre mission n’est pas de nous asseoir et d’attendre »
4e dimanche : Le Bon Pasteur conduit ses brebis à la vie éternelle
3e dimanche: Aurions-nous reconnu Jésus sur le chemin d’Emmaüs ?
2e dimanche : « Oui, nous sommes bien le jumeau de Thomas »
Pâques : Le Cierge pascal, signe éclatant de tous les temps

L’Église, dès son origine, a accordé une grande importance à ce partage du corps et du sang de Jésus Christ. Cela faisait partie de la foi des chrétiens, qui était établie sur quatre bases :   la prière commune, cette fraction du pain, l’écoute de l’enseignement des apôtres et surtout la vie fraternelle, la vie de charité.

Au moment où Dieu donne la nourriture au peuple, il leur dit que l’homme ne vivra pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche de Dieu…

Ce repas a été peu à peu organisé. Ce repas qui était précédé de l’écoute de la Parole de Dieu. Nous le comprenons dans ce premier récit de l’Ancien Testament au moment où Dieu donne la nourriture au peuple. Il leur dit que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui sort de la bouche de Dieu.

D’où l’importance de cette parole qui a toujours place dans nos rassemblements. Et le rappel constant que ce pain et ce vin sont une nourriture, ce sont le corps et le sang de Jésus Christ. Au début du Ve siècle, saint Augustin disait « en communiant au corps du Christ, nous avions à devenir ce que nous recevions ».

La coupe de bénédiction n’est-elle pas communion au sang du Christ. Le pain que nous rompons n’est-il pas communion au corps de Jésus Christ…

Nous nous rapprochons de Jésus Christ. Nous avons à changer nos vies. C’est ce que saint Paul exprimait : «  La coupe de bénédiction n’est-elle pas communion au sang du Christ. Le pain que nous rompons n’est-il pas communion au corps de Jésus Christ. Et par là, nous formons un seul corps. »

C’était également ce qu’affirmait, avec force, Jésus Christ dans l’Evangile de ce jour. Ce discours qui suit la multiplication des pains, où Jésus disait : « Moi je suis la pain vivant descendu du ciel. Le pain que je donnerai, c’est ma chair donnée pour la vie du monde. » Et encore : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi je le ressusciterai au dernier jour. »

Cette conviction de communier, de s’unir avec Jésus Christ a été toujours au cœur de la foi de l’Eglise, la foi des fidèles. C’était d’abord une action de grâce, ce que signifie mot « Eucharistie ». Mais la première destination de l’Eucharistie est bien la consommation de cette nourriture.

Les chrétiens ont pris peu à peu conscience que le pain consacré, en dépôt, en réserve, était bien une façon de garder la présence de Jésus Christ au milieu d’eux…

Au premier siècle de l’Eglise, il n’y avait pas de véritable réserve eucharistique, à part quelques morceaux de pain consacrés qui étaient mis de côté pour ceux qui ne pouvaient assister à la célébration, particulièrement les malades.

C’est peu à peu, et c’est spécial à l’église latine, que s’est établie cette vénération pour ce pain consacré, le corps du Christ. Mais il a fallu attendre les XIIe-XIIIe siècles pour en arriver à ce culte du Saint-Sacrement, à son exposition, à cette procession qui s’établissait en cette fête du Saint-Sacrement.

Les chrétiens ont pris peu à peu conscience que le pain consacré, en dépôt, en réserve, était bien une façon de garder la présence de Jésus Christ au milieu d’eux. Ce développement s’est fait dans un contexte qui n’est pas toujours très heureux car l’adoration de ce Saint-Sacrement s’est faite au détriment de la communion. C’était durant ces années où la communion des gens se faisait de plus en plus rare, de sorte qu’il était demandé de communier au moins une fois l’an, au Temps pascal.

Prenons le temps de nous arrêter devant la présence réelle de Jésus en l’adorant, en lui confiant nos vies et les intentions du monde…

Aujourd’hui, beaucoup de chrétiens ont retrouvé les deux aspects essentiels de l’Église, de l’eucharistie. Mais combien ne sont pas liés à cette célébration ? Combien se contentent d’avoir été baptisés ? Alors vivre de l’Eucharistie, c’est vraiment participer à la célébration de la messe et de façon active, comme le dit le concile Vatican II, et non en spectateur muet et étranger. En plus de cette célébration,  prenons le temps de nous arrêter devant la présence réelle de Jésus en l’adorant, en lui confiant nos vies et les intentions du monde.

Que cette fête du Saint-Sacrement du corps et du sang de Jésus Christ renouvelle notre foi en présence de Jésus dont nous pouvons nous nourrir afin de mieux vivre de sa vie. Cette présence ne doit-elle pas nous accompagner dans notre marche quotidienne et nous inviter à mieux nous donner, à grandir dans l’amour de Dieu et de nos frères.
Amen.

père Fernand Lepage,
associé au service pastoral
de la paroisse Saint-Judicaël en Brocéliande